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Scène 11

Louise– Mon cher Robert, pourquoi t’es parti si vite. C’est maintenant que j’aurais besoin de toi. De tes conseils, de ton sens pratique dans les décisions, de ton support, de ton épaule. Tu vois là, maintenant, je me sens toute seule avec cette situation. Puis je m’en fais, je voudrais faire plaisir à tout le monde, ça fait que je me sens coupable de ne pas y arriver.

C’est pas juste. Pourquoi mes enfants ne s’entendent pas entre eux ? Ce serait tellement plus facile. Ils le faisaient quand il n’y avait pas tout cet argent. 

 

C’est vrai que c’est surtout Nicole qui vient semer le trouble entre nous.

Puis, elle a tellement d’influence sur Simon.

 

 

 

Et puis lui, ben...

il est incapable de s’affirmer face à elle.

 

 

Ah Robert! Qu’est-ce que tu ferais si tu te retrouvais à ma place? Probablement que tu dirais qu’il faut placer cet argent pour l’avenir des enfants. Qu’on est bien capable de vivre sans l’utiliser. On le faisait très bien avant. Mais il y a une petite voix en moi qui me dit que

ce serait tellement mieux

si je le leur donnais

pendant que je peux voir le résultat.

De voir mes enfants heureux de ce que je leur donne. 

 

 

 

Ils seraient capables de réaliser leurs rêves.

 

 

Enfin, peut-être pas tous. Ça ne permettrait pas à Marianne de se trouver quelqu’un de convenable, je le sais bien que l’argent n’achète pas tout.

Peu importe ce qu’en pense Claudette. Son mariage s’est tellement mal terminé. Puis je suis certaine que, quand elle se cherche un homme, elle évalue la grosseur de son portefeuille. Elle ne me le dit pas mais je ne peux m’empêcher de le penser.

Et puis il y a Paul qui me suggère d’en donner une partie pour un organisme. Lui, il prêche un peu pour sa paroisse étant donné qu’il est engagé dans l’environnement. Par contre, je dois reconnaître que son idée est intéressante.  

 

Après tout, cet argent m’est tombé du ciel,

pourquoi je n’en donnerais pas un peu pour la terre.

 

 

 

Mais non, je ne peux pas.

Je vais me le faire reprocher

tout le temps

par tout le monde autour de moi.

 

 

 

Je les entends dire :  Tu vois,

si t’avais gardé l’argent pour toi,

tu ne serais pas dans le besoin aujourd’hui.

 

Bah! Le besoin! Le besoin de quoi! D’avoir une infirmière pour prendre soin de moi. Quand je serai rendue là, ils me placeront dans un CHSLD. Puis peut-être que je serai rendue Alzheimer puis que je ne me rendrai plus compte de rien… Il y en a tellement aujourd’hui. On entend juste parler de ça.

Ah Robert! Robert! Fais quelque chose…

 

Fais-moi un signe, n’importe quoi.

 

 

On entend le téléphone sonner. Elle sursaute et répond.

– Oui! Allo!

– …

– Non, monsieur, il n’y a plus de Robert ici. Il est parti…

– …

Elle raccroche le téléphone et se met à pleurer.

Ah Robert! Je voudrais tellement sentir la chaleur de tes bras autour de moi. Comme un roi qui console sa reine. Mais tu n’es plus là, Robert! Robert! Je m’ennuie tellement de toi...

 

Chanson : Le blues de toi  Paroles:Jacques Racicot - Musique

 

 

 

 

 

 

 

*******

Scène 12

 

Louise– J’ai bien réfléchi et je me suis dit que je ne pouvais pas faire plaisir à tout le monde. Et surtout que je pouvais un peu penser à moi et non pas seulement aux autres.

Marianne– Bravo maman! Je suis d’accord avec toi.

Simon– Laisse-là donc finir…

Louise– Alors, je vais partir en voyage en France avec Claudette. C’est elle qui m’a acheté le billet et elle mérite une petite récompense.

Simon– T’es pas obligée de faire ça.

Louise– C’est mon choix, je fais ce que je pense pour le mieux. Pour toi Simon, je vais payer pour la finition de ta chambre au sous-sol. J’entends trop souvent Nicole se plaindre à ce propos. Je pense que ça va vous aider dans votre couple.

Simon– Je pense pas que c’est ce que Nicole aimerait le plus.

Marianne– Ça on le sait…

Simon– Ben non, j’parle d’un voyage à Hawaï…

Conrad– C’est quoi cette histoire de voyage à Hawaï…

 

Simon– Laisse tomber grand-papa.

Je t’expliquerai une autre fois...

 

Comme j’avais commencé à dire, Nicole m’a dit l’autre jour qu’elle voudrait avoir une télé plus grosse.

 

Marianne– Parce que ça t’empêcherait de ronfler devant la télé…

 

 

Simon– Ah! Ah! Ah! T’es pas drôle. Je lui ai répondu que je lui achèterai plutôt des plus grosses lunettes. Elle l’a pas ri…

Louise– Moi non plus je ne l’aurais pas trouvé drôle… Écoute Simon, c’est moi qui décide. Si vous n’en voulez pas, je vais faire autre chose avec cet argent.

Simon– D’accord, d’accord… C’est mieux que de le donner à un organisme.

Louise– Parlant d’organisme, je vais aussi en donner à une organisation en écologie. Bien moins que ce que me suggérait Paul, mais je vais faire ma part.

Conrad– C’est bien, Louise. Moi aussi, je vais leur en donner.

Simon– En tout cas, comptez pas sur moi pour ça.

Louise– C’est ton affaire, je ne m’en mêle pas. Pour toi Marianne, je vais faire ouvrir un compte spécial pour ta fille. J’ai consulté un spécialiste et il existe un programme du gouvernement pour les personnes handicapées. Elle pourra en bénéficier quand elle sera plus âgée.

Marianne– Merci maman mais ce n’était pas nécessaire.

Louise– Je vais aussi faire ouvrir un compte pour les études de Thomas et Jonathan. Comme ça, ils pourront continuer des études supérieures même s’ils n’ont pas les ressources pour le faire.

Marianne– C’est bien maman, qu’est-ce que tu en penses, Simon ?

Simon– Ça a l’air que j’ai rien à dire…

Conrad– Dis pas ça Simon… Ta mère fait ce qu’elle pense le mieux pour tout le monde.

Cent mille piastres

c’est quand même pas un million.

Aujourd’hui, tout coûte plus cher que dans mon temps.

Dans mon temps…

Louise– Bon papa, tu nous raconteras ça une autre fois. On peut penser que c’est énorme, cent mille piastres, mais quand on commence à le diviser, on se rend vite compte que ça ne fait pas tant que ça.

Simon– Vu de même…

Louise– Puis je me suis dit que ce cadeau du ciel serait plus profitable à mes petits-enfants qu’à mes enfants. Possiblement que je resterai dans leur souvenir plus longtemps. Ça peut paraître égoïste, mais c’est comme ça. Une fois que j’aurai fait tout ça, il ne va pas en rester énormément mais assez pour que je vive bien. De toute façon, je m’arrangeais bien avant de gagner. Vous avez quelque chose à dire ?

Simon et Marianne– Non maman...

Conrad– Je suis fier de toi ma fille. Tu as pris de bonnes décisions. Je n’aurais pas fait mieux.

Louise– Puisque c’est comme ça, il faut fêter ça...

J’ai acheté du champagne pour cette occasion. Qu’est-ce que t’en penses papa ?

C’est pas parce qu’on a des cheveux blancs qu’on ne peut pas danser…

 

Chanson : Rock des parents Paroles:Jacques Racicot - Musique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                   

FIN

  

 

Présentation et remerciements

de Chantal Gagnon au nom du SARA d'Anjou     

 

 

Générique

 

 

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