Scène 7
Nicole– Quoi! Juste cent mille…
Mais il ne lui en restera pas beaucoup quand elle va nous avoir tous emmené à Hawaï pour 2 semaines.
Marianne– Mais qu’est-ce que tu dis-là Nicole… Il n’a jamais été question que ma mère nous emmène à Hawaï.
Nicole– Mais voyons… Après tout ce qu’on a fait pour elle, c’est bien le moins qu’elle nous donne quelque chose en retour. J’ai toujours rêvé d’aller à Hawaï.
La plage, le soleil,
puis le petit bikini que j’ai vu au magasin,
il va en faire tourner des têtes.
Maintenant que ta mère a les moyens… Et puis ce serait tellement un beau voyage pour Jonathan. Pour toi et tes enfants aussi Marianne… Hein Simon!... T’es d’accord avec ce que je dis…
Simon– Ben…
Marianne– Tu sais bien Nicole que Simon il te dira pas non. Il a bien trop peur que tu l’astines…
Nicole– Tu sauras Marianne que je ne l’astine jamais mon Simon. Je l’aime bien trop pour ça… N’est-ce pas Simon…
Simon– Ben…
Marianne– Tu peux bien en faire des projets, Nicole, avec l’argent de ma mère. Tu sais très bien que je ne peux pas partir à cause de mon travail. Et puis emmener Manon… Je n’y pense même pas… Je suis certaine que j’aurais bien plus de problèmes à l’emmener qu’à rester ici. Tu me vois pogné avec elle qui me fait une crise dans l’avion…
Tu peux bien parler, toi…
Pis toi, Simon, au lieu de faire ben, ben, tu pourrais bien dire quelque chose de plus…
Simon– Ben…
Nicole– Si tu peux pas aller à Hawaï, ta mère trouveras bien autre chose pour toi. Tu pourrais déménager.
Marianne– J’en ai déjà parlé avec ma mère. Je lui ai expliqué pourquoi ce n’était pas faisable.
Nicole– Ah oui! Pourquoi?
Marianne– Parce que… Puis arrête donc avec tes questions. Ça ne te regarde pas.
Nicole– Ça va, ça va. Fâche-toi pas… C’est pas nécessaire de monter sur tes grands chevaux. Je disais ça juste de même…
Marianne– Juste de même… juste de même… Tu dis jamais rien juste de même… Tu ne me le dis jamais en face, mais tu trouves que je m’organise mal avec mes enfants. Puis que je profite de l’argent du gouvernement alors que vous autres vous payez plein d’impôts… Puis que ma mère m’en donne plus qu’à vous autres… Puis que ça c’est pas juste… Qu’elle devrait vous en donner autant qu’à moi… Parce qu'il y a votre beau petit Jonathan qui va à l’école privée et puis que ça coûte cher… Je le sais, Simon m’a tout dit ça…
Nicole– C’est pas vrai Simon… T’as pas parlé de ça à Marianne…
Simon– Ben…
Nicole– Attends un peu qu’on arrive à maison, toi… Tu vas savoir ma façon de penser…
Marianne– Y m’semblait que tu ne l’astinais jamais ton beau Simon…
Nicole– Je ne l’astine pas, je discute… c’est pas pareil…
Marianne– Ben pour moi c’est du pareil au même…
Nicole–C’est ça…
Défends-le ton gentil petit frérot…
Comme s’y était pas capable de le faire lui-même.
Dis-le Simon que t’es capable de te défendre…
J’suis quand même pas si pire que ça…
Simon– Ben… Ben…
Marianne– Ah! Pis moi j’en ai assez. Je vous laisse vous chicaner entre vous autres…
************
Scène 8
Louise– On dirait que tout le monde veut décider pour moi ce que je devrais faire avec ce que j’ai gagné à la loterie.
Claudette– C’est parce que tu ne te décides pas.
Louise– J’en ai parlé avec quelqu’un au club de lecture.
Claudette– Un club de lecture… C’est nouveau ça…
Louise– Oui, j’ai vu l’affiche à la bibliothèque et j’ai donné mon nom pour y participer.
Claudette– Et puis, est-ce que tu aimes ça ?
Louise– Beaucoup plus que je ne le pensais. Il y a plein de personnes intéressantes qui s’y réunissent. On nous donne des suggestions de livres à lire et puis on en discute à la rencontre suivante.
Claudette– Des personnes intéressantes…
Des hommes… intéressants…
Puis tu ne m’en as pas parlé avant. Peut-être que je pourrais m’inscrire moi aussi ?
Louise– Oui, tu pourrais. Mais telle que je te connais, tu es bien plus télévision que lecture. Moi, j’aime bien m’asseoir dans mon fauteuil puis lire un bon roman, bien plus que regarder tous ces téléromans à la télé.
Claudette– Il y en a des pas mal bon. T’a pas suivi Unité 9 ?
Louise– Bien sûr que je l’ai regardé. Je l’aime bien Guylaine Tremblay.
Claudette– Moi aussi. Puis j’aime bien Patrice L’Écuyer. Il est si bel homme.
Louise– Parlant de bel homme, il y en a un au club de lecture…
Claudette– Quoi! Un bel homme! Sais-tu s’il est libre ?
Louise– Peut-être… Je ne sais pas… Je ne lui ai pas demandé… Je suis bien trop gênée pour ça.
Claudette– Je pense que je vais y aller à ton club de lecture s’il y a des beaux hommes qui y vont.
Louise– Tu risques d’être déçue, il y a plus de femmes que d’hommes qui y vont. Mais ce n’est pas pour ça que je voulais t’en parler.
Claudette– Ah oui! Parce que moi, ça va pas trop fort dans ma recherche d’un homme.
Louise– Ah non! Comment ça va?
Claudette– Pas très bien. J’aimerais tant en rencontrer un qui voudrait me sortir, faire des choses différentes que juste me parler de char puis de sport. Quand je commence à discuter de ce qui m’intéresse, je me fais couper la plupart du temps.
Louise– Oui, j’en connais du monde comme ça.
Claudette– Ah! qui ça?
Louise– Pas personne que tu connais… Mais tu disais…
Claudette– Ah oui! Moi j’voudrais un homme pour plein d’affaires…
Claudette– Un homme, tu sais là... Je l'vois d'ici, tu sais là... Un homme...
Grand... Beau... Intelligent...
Drôle... Riche... Pis, sexy, tu sais là...
Louise– Wow!
Tu penses que ça existe un homme comme ça ?
Claudette– Je ne sais pas, mais on peut toujours rêver.
Louise– C’est comme Paul,
il m’a fait rêver.
Claudette– Paul ?
Louise– Oui, celui dont je te parlais, celui du club de lecture.
Claudette– Ah oui! Le bel homme! Est-ce qu’il est libre ?
Louise– Je t’ai déjà dit que je ne le savais pas. Mais ce n’est pas de cela que je voulais te parler.
Claudette– Ah oui! De quoi ?
Louise– Je lui ai dit que j’avais gagné à Loto-Québec.
Claudette– Tu ne lui as pas dit ça. Il va vouloir sortir avec toi pour ton argent.
Louise– Mais non. Je ne pense pas que cela l’intéresse.
Claudette– Un homme qui ne s’intéresse pas à une femme qui a de l’argent,
ça n’existe pas.
Louise– Mais oui, ça existe. Puis, je pense que c’est plus souvent le contraire.
Claudette– Je ne te crois pas.
Louise– Si je te le dis.
Claudette– Mais non
Louise– Mais oui
Claudette– Mais non
Louise– Mais oui… Vas-tu finir par me croire…
Claudette– Si tu le dis…
Louise– Puis je lui ai parlé que ça faisait de la chicane entre mes enfants…
Claudette– Je te l’avais dit, puis tu ne m’as pas écoutée…
Louise– Claudette, laisse-moi parler…
Claudette– OK !
Louise– Tu sais pas ce qu’il m’a suggéré.
Claudette– Non.
Louise– Pourquoi que je n’en donnerais pas une partie à une association charitable.
Claudette– T’es pas sérieuse… C’est tous des profiteurs ces gens-là. Moi, j’arrête pas de recevoir des paquets de lettres pour des demandes de dons depuis que j’ai donné 5 piastres pour le cancer. Le cancer c’est ma boîte à malle qui l’a maintenant. Puis ça arrête pas de grossir.
Si ça continue comme ça,
ma boîte à malle
va finir aux soins palliatifs.
Louise, tu peux pas faire ça.
Louise– Mais oui, je pourrais. Ce n’est pas vraiment mon intention, mais j’en ai parlé à Simon. Tu aurais dû y voir l’air.
Claudette– Mais qu’est-ce qui t’a pris de lui parler de ça. En plus, il va raconter ça à Nicole. Ça va barder dans la cabane.
Louise– Je ne sais pas trop. Peut-être parce que Paul m’a fait part de ses réflexions personnelles sur le monde.
Claudette– Réflexions personnelles…
Louise– Oui, sur divers sujets. Ceux qui écrivent toutes sortes de niaiseries sur internet par exemple.
Chanson : Je ne suis pas de ce monde Paroles: Jacques Racicot - Musique
Mise à jour requise
Pour écouter ce média audio, vous devez mettre à jour votre navigateur ou votre version de
Flash.
************
Scène 9
On entend cogner à la porte.
Conrad– Entrez. (On voit Simon et Nicole apparaître)
Simon–Bonjour grand-papa, comment ça va ?
Conrad– Bonjour mon grand. Ça va bien.
C’est gentil de venir me faire une petite visite. C’est toute une surprise.
Nicole– Bonjour monsieur Coulombe. Comment allez-vous?
Simon– Grand-papa…
Conrad– Oui.
Simon– On est venu te voir pour te parler de quelque chose de sérieux.
Conrad– De quoi ?
Simon–C’est à propos de maman.
Conrad– Ta mère…
Nicole– Oui, monsieur Coulombe. Votre fille est en train de virer folle.
Conrad– Comment ça, devenir folle… ma fille est pas folle…
Nicole– Imaginez-vous, monsieur Coulombe, qu’elle a rencontré un homme dans son club de lecture, puis que ce dernier veut lui faire donner l’argent qu’elle a gagné à une association qui s’appelle ‘Les amis de la terre’.
Conrad– C’est la première fois que j’entends parler de ça.
Nicole– Au lieu de nous donner l’argent à nous, ses enfants, nous qui en avons vraiment besoin. Il faut que vous lui parliez, monsieur Coulombe. Elle ne peut pas faire ça.
Ça s’fait pas, monsieur Coulombe.
Dites-nous que vous allez lui en parler.
Conrad– Wo! Wo!Wo! Nicole, énerve-toi pas de même. C’est vrai ça, Simon ?
Simon– Oui, grand-papa, c’est vrai. Il faudrait vraiment que tu parles à maman.
Ça n’a pas de bon sens qu’elle fasse ça.
Conrad– Ah bon ! Ta mère serait devenue une écologiste. C’est pas une mauvaise nouvelle ça. Ça pourrait être bon pour la planète…
Nicole– Faites pas de farces Monsieur Coulombe… Si elle veut se lancer dans l’écologie, elle n’a qu’à faire du compost. Moi, c’est ce que je fais.
Simon– Depuis quand que tu fais du compost, Nicole ?
Nicole– Ça fait longtemps. Mais tu es bien trop occupé avec les voisins pour t’en rendre compte. Ou encore avec tes jeux vidéo… Pis j’parle pas quand tu te mets à ronfler sur le sofa pendant qu’on regarde un beau film d’amour à la TV…
Conrad– Allons, allons, les enfants, chicanez-vous pas de même…
************
Scène 10
Claudette– Encore du café, Marianne ?
Marianne– Oui, s’il vous plaît, Claudette.
Claudette– La dernière fois qu’on s’est vu, on n’a pas vraiment pu se parler de ta mère.
Marianne– Non, pas vraiment. Elle est pas mal embrouillée avec son histoire d’argent. Moi, je pense qu’elle s’en fait beaucoup trop.
Claudette– Moi, je me demande si elle ne finira pas par faire des bêtises.
Marianne– Moi je ne pense pas. Ma mère a toujours été une personne sensée. Je n’ai jamais vu mes parents gaspiller leur argent. Même que des fois, je pense qu’ils auraient pu se payer un peu plus de choses. C’était toujours pour moi et mon frère qu’ils dépensaient.
Claudette– Qu’est-ce que tu penses qu’elle devrait faire ?
Marianne– Moi je lui ai dit qu’elle devrait penser pour plus tard. On ne sait pas ce qui peut arriver plus tard. Elle peut tomber malade et avoir besoin de faire prendre soin d’elle. Moi avec les enfants, je ne peux pas rien faire et il ne faut pas qu’elle compte sur Simon avec Nicole dans le portrait. Imagine-toi que Nicole voudrait qu’elle leur paye un voyage à Hawaï. Après tout ce qu’elle a fait pour elle…
Claudette– Un voyage à Hawaï…
Après tout ce qu’elle a fait pour elle…
A manque pas de culot celle-là…
Elle a fait bien plus de problèmes que du bien à ta mère. C’est bien plus ton frère qui aide ta mère… Par contre, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle pourrait en faire davantage pour toi et ta petite dernière. Quand je pense que son père n’a pas accepté la situation et t’a laissé toute seule avec. Au moins, il te paye une pension.
Marianne– C’est bien parce qu’il est obligé. Le gouvernement l’enlève sur sa paye.
Claudette– Est-ce qu’il va la voir des fois?
Marianne– Jamais. Par contre, il vient des fois chercher Thomas.
Claudette– Ah les hommes!
Pas capable de prendre leurs responsabilités.
Quand je pense que mon ex est parti avec une plus jeune. Puis qu’on s’était juré fidélité lors de notre mariage.
Parlons-en de la fidélité… Ça vaut pas mieux qu’une carte chez Tim Horton. Moi, si j’m’étais fait poinçonner une carte à chaque fois que j’ai eu un chum infidèle, j’aurais maintenant droit à un homme gratuit pour le restant de mes jours…
Marianne– Ils ne sont pas tous pareils, Claudette. Mon père l’était pas en tout cas.
Claudette– Oui, ton père était différent. Mais c’est une exception.
Marianne– Moi, je le regrette encore. Il est parti si vite.
Claudette– Oui, sa crise de cœur.
Marianne– Oui, c’est arrivé quand il était dans le sous-sol en train de ramasser son linge de peinture.
Claudette– Ah oui! Ta mère m’a raconté ça. Il ne jetait jamais son vieux linge qu’il gardait pour la peinture.
Marianne– Ma mère le taquinait souvent avec ça.
Nous autres, on le surnommait Ti-Mé comme Ti-Mé de La Petite Vie, avec ses sacs de vidanges.
Claudette– Il devait pas aimer ça.
Marianne– Ça le faisait rire. Il était adorable mon père. Moi, j’voudrais bien en rencontrer un, un homme comme lui.
Claudette– Moi aussi.
Marianne– Tu sais, je crois que ma vie aurait un autre sens. Dans le fond, je pense que j’ai bien plus besoin d’aimer.
Claudette– Comme ça, tu as plus besoin d’aimer. Moi c’est le contraire.
Marianne– Je ne suis pas capable de l’expliquer. C’est comme ça que je le ressens.
Claudette– Est-ce que ta mère t’a parlé de son club de lecture ?
Marianne– Oui, un peu. Elle semble bien aimer cette activité.
Claudette– Elle ne t’a pas parlé de cet homme qu’elle a rencontré ?
Marianne– Qui ça ? Ah oui, Paul. Je lui ai posé des questions mais elle est restée très vague à son sujet. Pourquoi ? Elle t’en a parlé ?
Claudette– Non seulement elle m’en a parlé,
mais je pense qu’elle est en train
de tomber en amour avec lui.
Marianne– Hein! C’est pas possible.
Claudette– Oui, c’est bien possible. Tu aurais dû entendre comment elle en parlait. Et puis, ces idées qu’il lui a mises dans la tête. Cette histoire d’organisme écologique…
Marianne– Elle en a parlé un peu mais je ne m’en fais pas avec ça. Ça va lui passer.
Claudette–En tout cas, si elle veut donner son argent à un organisme,
je vais m’en créer un pour moi.
Marianne– T’es pas sérieuse…
Claudette– Moi je pense, au contraire, que vous devriez prendre ça pas mal au sérieux ton frère et toi. Il faudrait que ton frère et toi vous ayez une bonne discussion avec elle avant qu’elle ne se mette à faire des folies. Tu verrais-tu ça toi, vous faire dépouiller par cet homme.
Marianne– Ben…
Claudette– Et puis s’il fallait que ce soit un beau parleur ou encore un fraudeur.
On sait jamais à qui on a affaire.
Marianne– Tu m’inquiètes…
Claudette– Tu devrais t’inquiéter plus que ça. J’m’imagine ça ta mère en amour. Elle est capable de perdre la raison et s’enticher du premier venu.
Marianne– Ben voyons donc Claudette…
Claudette– Y a pas de ben voyons donc Claudette. Des histoires comme celle-là, on en voit plein à la télé.
Marianne– C’est juste des téléromans.
Claudette– Non, les auteurs se basent sur des histoires vraies. C’est pas comme la lutte qu’on écoutait quand on était jeunes.
Marianne– Ah! ils ne se battaient pas pour de vrai… (Elle rit)
Claudette– Ris pas. Dans le temps, on était certaines que c’était pas du fake. Tu aurais dû voir ma mère quand elle écoutait la lutte.
Elle criait puis donnait des coups de poing dans les airs en disant
‘Envoye’, ‘Tape dessus’ ‘Mord-le’… maudit arbitre, il prend pour le méchant…
Marianne– Comme mon père quand il écoutait le hockey…
Claudette– Je te le dis, il faut que vous vous en occupiez. Tu sais, quand on vieillit, on a tendance à vouloir vivre des histoires d’amour comme quand on était adolescentes. Ça nous rajeunit.
Marianne– Comme ça, pour les femmes c’est des histoires et puis pour les hommes c’est des femmes plus jeunes. Tous les moyens sont bons…
Claudette– Arrête un peu. Je vois ça d’ici moi, ta mère avec son amoureux puis qu’il lui lit de la poésie romantique et qu’elle lui chante des chansons d’amour…
Chanson : Près de toi Paroles: Jacques Racicot - Musique
Mise à jour requise
Pour écouter ce média audio, vous devez mettre à jour votre navigateur ou votre version de
Flash.