Par

Scène 3

(Nicole fait du ménage avec son balai. Simon arrive en coup de vent en claquant la porte. Nicole continue de balayer).

Simon– Nicole, tu sais pas quoi?

Nicole– T’étais pas parti chez ta mère, toi. T’arrive bien tôt.

Simon– J’ai une grande nouvelle à t’annoncer.

Nicole– Ta mère va vendre sa maison. Je te l’avais dit qu’elle était rendue trop grande pour elle.

Simon– Mais non…

Nicole– Elle est pus capable de s’en occuper toute seule. Elle est toujours en train de t’appeler pour aller réparer quelque chose.

Simon– Mais non, ce n’est pas ça.

Nicole– Elle va partir en voyage. Il commence à être temps qu’elle sorte un peu. Depuis la mort de ton père, elle ne fait plus rien. Ça va nous faire des vacances à nous.

Simon– Mais non, ce n’est pas ça. Elle a gagné à Loto-Québec.

Nicole– Ça, ça s’peut pas! Elle achète jamais de billet.

Simon– C’est son amie Claudette qui lui a acheté pour son anniversaire.

Nicole– Ah oui!...  Elle a gagné combien... Cent piastres...

Simon– Non, elle va passer à la TV. Elle pourrait gagner un million.

(Nicole laisse tomber son balai).

 

Nicole– Quoi, elle va aller à la TV. Pis qu’est-ce qu’elle va se mettre? Pas son vieil ensemble mauve, j’espère…  Un million…  Puis elle va faire quoi avec….  Elle va enfin pouvoir te payer pour tout l’ouvrage que tu fais chez elle.

 

Simon– Ben, un million c’est pas certain. Mais elle est sûre d’avoir dix mille.

Nicole– Oui, dix mille pis un million c’est pas la même chose. Ça change les projets que je peux… qu’elle peut faire.

Simon–

J’en ai parlé un peu avec elle. 

Elle pense à faire refaire sa cuisine,

s’acheter des nouveaux électros.

 

Nicole– C’est bien ta mère ça. Elle pourrait gagner un million puis elle pense à changer ses électros. Elle les veut tu en or ses électros? Peut-être que ça va laver mieux que les miens… De toutes façons, il commencerait à être temps qu’elle les change. Elle a encore son poêle jaune des années ’60. Ça jure pas mal avec les autres qui sont blancs. Elle pourrait au moins s’acheter des appareils en stainless. (Elle prend une pause).  Oui, mais ça n’irait pas avec ses armoires brunes. (Elle réfléchit encore) Il faudrait qu’elle change ses armoires aussi. Non, non, moi je te dis qu’elle ferait mieux de vendre sa maison puis de s’en acheter une autre plus belle que son vieux bungalow.

Simon– Je ne suis pas d’accord avec toi. Maman vit encore avec tous ses souvenirs dans cette maison. Mon père, moi et Marianne. Et puis elle s’en irait où?

Nicole– Je le sais pas, moi.  Peut-être dans une de ces résidences qui poussent comme des champignons.

Simon– Ma mère est bien trop jeune pour s’en aller en résidence.

Nicole– Mais non. C’est pour les personnes de 55 ans et plus. On voit plein d’annonces à la télé qui montrent des personnes en pleine forme qui font plein d’activités.

Simon– 

Je suis allé travailler dans ce genre de résidences.

C’est comme chez grand-papa.

C’est plein de vieux avec des marchettes. 

 

 

Et puis ça coûte cher de rester là.

Ma mère voudra pas dépenser tout cet argent.

 

 

Nicole– C’est vrai, elle est bien trop gratteuse.

Simon– Ma mère est pas gratteuse. Elle nous aide.

Nicole– Parles-en de nous aider. Elle aide bien plus ta sœur que nous.

Simon– Oui, mais ma sœur en a bien plus besoin que nous.

Nicole– Parles-en de ta sœur. Toujours en train de quémander à ta mère.

Simon– Elle a sa fille handicapée. Ça coûte cher d’en prendre soin.

Nicole– Puis nous autres, ça coûte pas cher l’école privée pour Jonathan.

Simon– C’est pas pareil.

Nicole– Comment ça pas pareil. Je parie qu’elle va donner plein d’argent à ta sœur puis pour nous autres il va rester rien que des miettes.

Simon– Tu trouves pas que t’exagères là.

Nicole– (Elle hausse le ton) Comment ça j’exagère… Moi je pense qu’elle devrait en donner autant pour nous qu’à ta sœur. Vous êtes ses deux enfants, elle devrait diviser son argent en deux parts égales.

Simon– Je ne suis pas d’accord avec toi. C’est pas la faute de Marianne si sa fille…

Nicole–

Parlons-en de sa fille. Elle est bien trop gâtée. Puis elle a plein d’aide du gouvernement qu’on paye avec nos impôts. Parce qu’on en paye plein d’impôts si tu ne le savais pas…

Simon– Ben…

Nicole– Et puis tu es bien trop mou avec ta mère. Toujours en train de dire oui quand elle te demande un service.

Simon– Ben…

Nicole– Avec tout l’argent qu’elle a, elle pourrait payer pour ses réparations.

Simon– Ben…

Nicole– Puis pendant ce temps-là, t’as toujours pas fini la chambre au sous-sol.

Simon– Je vais la finir bientôt…

Nicole– Bientôt, bientôt… Ça fait deux ans que tu dis bientôt… C’est plus important d’aller jouer au hockey avec tes chum. Et puis je parle pas de tes jeux vidéos.  Tu passes tes soirées à pitonner puis des fois jusqu’au milieu de la nuit.

Simon– Ben…

 

Nicole– 

Pendant ce temps-là, c’est moi qui fais le ménage puis la cuisine.

 

Simon– Moi je m’occupe du terrain puis de la piscine.

Nicole– Oui, tu t’en occupes en prenant une bière puis en jasant avec le voisin.

Simon– Il faut entretenir de bonnes relations avec nos voisins.

Nicole– Parlons-en de relations.  De ce temps-ci,

 
  tu t’endors bien trop vite                               pour en avoir                                       des relations.      

                                            

Simon– Je travaille fort puis je suis fatigué le soir.

Nicole– Pis t’as commencé à ronfler…

Simon– J'ronfle pas.

Nicole– Non, tu ronfles pas…. Ça fait pas deux minutes que t’es couché que la machine part. Tu t’entends pas, toi. C’est pire que le tonnerre…

Simon– T’exagères…

Nicole– Comment ça j’exagère… J’ai bien essayé de mettre des bouchons. Mais ça marche pas, je ne suis pas capable de dormir.

C’est pour ça que je veux que tu finisses la chambre au sous-sol. Tu t’en iras dormir en bas.

Simon– Tu peux pas faire ça…

Nicole– Bien oui, je peux faire ça…

Simon– Nicole…

Nicole– Je suis tannée de te donner des coups de pied pour que t’arrêtes de ronfler.

Simon– Nicole…

Nicole– Peut-être que tu as des problèmes d’apnée. Tu devrais aller te faire examiner.

Simon– Je fais pas d’apnée.

Nicole– Tu l’sais pas.

Simon– Je fais pas d’apnée. Je l'sais, moi.

Nicole– Comment tu fais pour le savoir. Tu n’as pas été consulter pour ça.

Simon– Y a rien à faire…

Nicole– Bien moi je le sais ce que tu vas faire. À soir tu vas aller coucher sur le sofa. Non, c’est pas assez loin. Dans le garage… ou le cabanon… Comme ça, tu iras ronfler ailleurs et je pourrai dormir en paix.

 

                                                                                                     

 Chanson : Tu ronfles   Paroles: Jacques Racicot - Musique

                   

       

 

 

 

 

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Scène 4

Florence– Conrad, on dirait que ta marchette a des nouvelles roues.

Conrad– Quoi?

Florence répète plus fort– Conrad, ta marchette… elle a des nouvelles roues.

Conrad– Quoi?

Florence lui fait un signe en montrant son oreille tout en continuant de s’avancer vers lui– Conrad, ton appareil?

Conrad– Ah! Mon appareil…

J’ai oublié de l’ouvrir. (Il passe sa main derrière son oreille). 

Allo, Florence. Qu’est-ce que tu disais?

 

 

Florence– Je disais… Ta marchette, elle a des nouvelles roues.

Conrad– Oh! Oui... c’est Simon qui m’a installé ça. C’est pour les nids-de-poule.

Florence– Comment ça les nids-de-poule?

 

Conrad– Oui, j’ai parlé de ça à Simon. Quand je traverse la rue, c’est plein de trous, ça me ralentit puis je risque d’être pris dedans. Il m’a installé des pneus gonflés à l’air, ça va pas mal mieux pour sortir des trous.

Florence– Il est ingénieux ton petit-fils.

Conrad– Oui, pas mal. Puis je lui ai demandé s’il ne pourrait pas m’installer des ressorts en plus. Il va y penser. Il est pas mal patenteux.

Florence– Oui, c’est brillant. Penses-tu qu’il pourrait faire pareil avec la mienne?

Conrad– Je sais pas. Je peux lui demander. Je pense bien que ça lui ferait plaisir de le faire pour toi. Il est bien de service le Simon. Tu t’en allais où?

 

Florence– Il y a une réunion du comité pour la décoration.

Conrad– La décoration?

Florence– La décoration des marchettes.

 

Conrad– C’est quoi cette affaire-là?

Florence– Oh c’est une idée de madame Dugas. Elle trouve que nos marchettes sont drabes.

Conrad– C’est quoi cette idée de fou. Moi, je la trouve correcte ma marchette. Pas question que je la décore.

Florence– Tu lui as bien mis des nouvelles roues. 

Conrad– C’est pratique, c’est pas pareil.

Florence– Bien moi, je trouve que c’est une idée à regarder.

Conrad– Et puis pour les Fêtes, vous pourriez mettre des lumières sur les broches. On pourrait appeler la tienne la p’tite marchette au nez rouge.

Florence– Ha! Ha! Ha!

Conrad– Tant qu’à faire, on pourrait mettre de la publicité. 

Je vois ça moi, de la publicité pour les couches d’incontinence sur les marchettes. 

On pourrait même avoir un slogan :

Je suis vieux maintenant...

tu sais comme dans l’annonce pour les bébés.

Florence– T’es pas drôle…

Conrad– Ou pour les pharmacies. En spécial cette semaine chez Ronald Pharma. Ça pourrait fonctionner. 

 

Florence– 

Ha! Ha! Ha!

 

Conrad– Je vois ça pendant le dîner. Les marchettes en rangée avec les spéciaux de la semaine. Ça en ferait de la décoration. Pis il pourrait y avoir une sorte d’annonce pour les couches. Ça serait un peu comme pour les bébés mais ça dirait : Je suis vieux maintenant…

Florence– T’es fou…

Conrad– Puis ça paierait pour les roues et les ressorts sur les marchettes.

Florence– T’es fou…

Conrad– Non, pratique, c’est pas pareil.

Florence– En tout cas, moi je trouve que l’idée de la décoration c’est une bonne idée. Bien meilleure que celle de monsieur Levasseur qui voulait organiser une course de marchettes. 

Conrad– Une course de marchettes!

Florence– Oui, avec un prix pour le gagnant.

Conrad– Puis une bonbonne d’oxygène pour le perdant. Je vois pas ça madame Thibault courir avec sa marchette. Elle va s’enfarger dans ses pantoufles en phentex.

                                           Florence– 

T’es pas drôle... 

Pauvre madame Thibault...

elle a déjà assez de misère comme ça avec ses pieds enflés. 

Elle n’est plus capable de mettre des souliers.

Conrad– Bon! OK!  J’en parlerai pas.

Florence– Puis toi, t’en allais où comme ça? Tester tes nouvelles roues dehors?

Conrad– Non, non, je réfléchissais en marchant.

Florence– Tu pensais à quoi?

Conrad– À ma fille.

Florence– Louise?

Conrad– Bien oui, j’en n’en ai rien qu’une fille.

Florence– Et puis…

Conrad– Peut-être que tu vas me trouver bizarre…

Florence– Mais non… Ça peut pas être pire que ton idée de publicité sur les marchettes.

Conrad– Moi je la trouve bonne mon idée.

Florence– Puis, à propos de Louise…

Conrad– Oui, Louise. Ça fait plusieurs fois qu’elle vient me voir puis qu’elle parle beaucoup de son amie Claudette avec beaucoup d’enthousiasme. Claudette par-ci, Claudette par-là, elle a fait ça avec Claudette. Je ne sais pas. Elle a l’air pas mal entichée d’elle. Puis aujourd’hui, deux femmes célibataires…

 

Ma Louise… 

Je ne sais pas… 

Aujourd’hui, les femmes…

 

 

                          

 

Florence– Bon, bon, bon, tu te fais des idées… Pense-pas comme ça. Ce sont juste deux grandes amies.

Conrad– Je ne suis pas convaincu. Je ne la truste pas cette Claudette. 

Depuis que Louise va passer à TV pour Loto-Québec,

elle est devenue intéressante pour toutes sortes de monde.

Florence– Puis tu penses que Claudette pourrait…

 

Conrad– Justement, aujourd’hui les femmes qui n’ont pas d’hommes peuvent devenir plus que des grandes amies. On en voit maintenant qui se font changer de sexe. Avec tous ces BGTL.

Florence– LGBT, Conrad.

Conrad– On dirait une sorte de hamburger… Peu importe, ça me turlupine…

Florence– Voyons donc, Conrad.  Pas ta Louise… Elle est encore en deuil de son mari.

Conrad– C’est pas une raison. C’est vrai que je me fais peut-être des idées. Mais des fois que… Je ne sais pas si elle m’en parlerait si ça arrivait.

Florence– Je ne sais pas moi non plus. C’est pas mal personnel ces affaires-là.

Conrad – Puis comment je réagirais.

Florence – Si c’était vrai, faudrait bien que tu t’y fasses.

Conrad– Le soir, quand j’éteins la lumière, je me demande si elle en parlerait à son vieux père.

 

                                                                                                              

Chanson : À ma fille Paroles:Jacques Racicot - Musique  

   

       

 

 

 

 

 

 

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Scène 5

Marianne– Non maman. 

Louise– Et pourquoi pas?

Marianne– Tu m’aides déjà assez comme ça. Je me sentirais mal à l’aise.

Louise– Marianne, cet argent-là, il va tomber du ciel. Pourquoi t‘en profiterais pas. Si c’est pas pour toi, pense aux enfants.

Marianne– J’y pense tout le temps aux enfants. Ils me donnent assez de misère comme ça.

Louise – Tu pourrais avoir une maison, avec une cour, puis les enfants auraient chacun leur chambre.

Marianne– Je ne suis pas capable d’avoir une maison. Je gagne pas assez cher.

                                         Louise–

Si c’est pas une maison,

tu pourrais avoir un plus grand logement. Un bas avec une cour. 

Les enfants pourraient aller jouer dehors. 

Ce serait bien mieux que ton 4 et demi au deuxième étage. 

Tu ne pourras pas toujours continuer à faire coucher les deux enfants dans la même chambre. Surtout Thomas, il va avoir 10 ans bientôt. Il va aimer ça avoir sa chambre à lui. Manon s’en va sur ses 7 ans. Vous avez toujours eu votre chambre ton frère et toi.

Marianne– C’est pas pareil. Papa puis toi vous travailliez tous les deux. Et puis papa gagnait un bon salaire, assez pour avoir une maison. Sais-tu comment ça coûte un logement comme ça?

Louise– Je ne sais pas, 7 ou 8 cent dollars par mois…

Marianne– Maman, c’est plus que mille piastres par mois.

Louise– Et puis…

Marianne– Il faudrait que je déménage. Ici, les enfants sont proches de leur école. Surtout Manon. Je trouverai pas facilement une école qui va l’accepter. En plus, je ne sais pas comment elle va réagir si on la change d’école. J’ai eu assez de misère pour qu’elle ait des services pour son problème d’autisme. Je ne veux pas avoir à recommencer tout ce processus.

Louise– C’est vrai qu’avec toutes les coupures qu’il y a eu dans les écoles.  Mais il paraît que tout ça va se régler, on en parle à la télévision.

Marianne– Maman, tu rêves…  

Louise– On a bien le droit de rêver.

Marianne– Moi j’ai pas le droit.  Pas avec ma situation.

Louise– En tout cas, j’aimerais faire quelque chose pour vous autres.

Marianne– Tu en fais déjà assez. Pourquoi tu ne penses pas à toi. Paye-toi du nouveau dans la maison. Pars en voyage.

Louise– Ça ne m’intéresse pas. Je suis bien comme je suis. Je n’ai pas besoin d’autre chose.

Marianne– 

Maman, tu vis dans tes souvenirs avec papa. Il serait temps que ça change.

Louise– Je suis bien dans mes souvenirs.

 

Marianne– Maman…

Louise– Quoi?

Marianne– Tu es encore jeune. Puis on sait jamais...

Tu pourrais avoir besoin de cet argent pour payer des services de santé.

Ça coûte cher ça. Peut-être que tu voudras aller dans une résidence.

Tu le mériterais bien. C’est de l’ouvrage entretenir ta maison.

 

Louise– Il y a Simon qui vient me donner un coup de main quand j’en ai besoin.

Marianne– Puis Nicole qui chiale tout le temps parce qu’il s’en occupe trop.

Louise– Elle a chiale tout le temps pour n’importe quoi. Depuis que ton père est parti, je trouve ça normal qu’il m’aide.

Marianne– En parlant de papa…

Louise– Oui…

Marianne– Tu m’as jamais dit comment vous vous êtes rencontrés.

Louise– Jamais…

Marianne– Jamais…

Louise– Ah bon…

Marianne– Et puis…Raconte…

Louise– Moi puis ton père on faisait partie d’une ligue de tennis pendant l’été.

Marianne– Toi, tu jouais au tennis. T’en a jamais parlé. T’étais-tu bonne?

Louise– Pas vraiment. En tout cas, moins bonne que ton père.

Marianne– J’imagine... Je ne t’ai jamais vu faire du sport.

Louise– J’étais beaucoup plus jeune.

Marianne– Et puis…

Louise– On s’organisait des party de joueurs de temps à autre.

Marianne– Qu’est-ce que vous faisiez?

Louise–

C’était encore l’époque du disco. On dansait, puis on amenait de quoi manger.

Marianne– J’imagine que le monde fumait…

 

Louise– 

Oui, et pas juste la cigarette…

 

 

Marianne– 

Maman, t’as pas pris de la mari…

 

 

Louise– Bien, quand tout le monde se mettait en ligne pour se passer un joint, c’était dur de refuser.  On se faisait regarder puis traiter de toutes sortes de noms.

                                         Marianne–  

Maman, t’as déjà fumé du pot…

Je ne le crois pas.

Tu m’apparais si straight….

 

C’est vrai qu’aujourd’hui c’est rendu légal…

 

Et puis, dans le temps, vous brûliez vos soutiens-gorges.

Louise– Ça c’était avant moi.  

 

 

 

J’ai jamais fait ça.                                           

 

 

Marianne– Puis papa et toi…

Louise– Bien dans une soirée, on avait un peu bu et fumé.

 

Puis ton père m’a embrassée.

 

 

Marianne– Et puis après…

Louise– Bien après la soirée, on est retourné chacun chez nous. À 3 heures du matin, j’étais encore allongée sur le sofa puis je pensais à lui. Puis lui il m’a dit que c’était pareil de son côté. Il a suffi qu’il m’appelle pour qu’on sorte ensemble.

Marianne– Wow! C’est une belle histoire.

Louise– Oui, ma fille. Il suffit d’un appel pour que la vie soit belle.

 

                                                                                           

Chanson : 3 heures du matin Paroles:Jacques Racicot - Musique

         

 

 

 

 

 

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Scène 6

Louise– Simon, qu’est-ce qui se passe? T’as l’air tout énervé…

Simon– Ah maman… Tu es là…

Louise– Bien oui, je suis là. Tu n’es pas au travail, toi.

Simon– Ça fait plus de deux heures que j’essaie de t’appeler puis ça sonne toujours engagé. Ça ne ressemble pas du tout à tes habitudes.

Louise– Attends un peu, je vais vérifier.

Elle se lève et va vérifier son téléphone.

Louise– Bon, mon téléphone était mal raccroché.

Simon– Et puis j’appelle sur ton cellulaire et tu ne réponds pas. Je me suis inquiété.

Louise– Bien, il est fermé mon cellulaire.

Simon– Comment ça, fermé…

Louise– Tu m’as dit qu’il fallait que j’économise la batterie. Alors je le ferme.

Simon– Mais comment tu vas répondre si tu le fermes?                                      

 Louise–

Tu m’as dit que c’était intelligent cet appareil là… Il devrait deviner quand il reçoit un appel.

 

 

Simon– Maman, ça ne marche pas comme ça. Il faut que tu le laisses ouvert.

Louise– Il faudrait que tu te décides. Si je le laisse ouvert, comment tu veux que j’économise la batterie.

Simon– Il faut que tu le laisses branché.

Louise– C’est toi qui est branché, Simon, avec toutes tes machines électroniques. 

Moi, je ne comprends rien à cet appareil-là. 

C’est rempli de carrés de couleurs puis il y a toutes sortes de sonneries. 

Je ne sais jamais sur quel piton peser.

T’as beau m’expliquer, quand je suis toute seule devant ça, je ne me rappelle plus de rien.

Simon– C’est pourtant facile maman…

Louise– Facile, facile… Parle pour toi… Puis cette affaire de texto… Quand j’essaie d’écrire quelque chose, ça me prend pas mal de temps. Je suis toujours en train de peser sur la mauvaise lettre. Faut que je revienne en arrière pour corriger les fautes.

Simon– Maman, c’est pas grave les fautes. Je vais comprendre ce que tu veux dire.

Louise– Tu sauras que pour moi le français c’est important. J’ai appris à écrire sans faute.

 

C’est pas comme vous les jeunes,

on dirait que ça ne vous dérange pas.

 

Simon– Ça dérange un peu mais on passe par-dessus.

Louise– Ça ne te dérange pas… Quand je veux écrire ton nom, ça corrige pour sinon… Sinon veux-tu au lieu de Simon peux-tu, c’est pas pareil…

(Il rit)

Louise– Puis veux-tu Marianne devient veux-tu mariage…

(Il rit)

Louise– Sans compter que l’autre jour, j’ai envoyé le message par erreur à Claudette. Imagine sa tête quand elle a reçu ça… Veux-tu mariage… Elle qui se cherche un homme… Et puis, demande-moi pas comment j’ai fait cela, quand j’ai voulu lui demander:

'Veux-tu venir magasiner avec moi’ et que ça a fini avec ‘Veux-tu venir baiser avec moi’…

Il me semble de lui voir la face quand elle a lu ça. 

Pauvre Claudette…

 

Simon– Oui, je sais… Elle qui se cherche un homme…

Louise– Oui, le temps de m’apercevoir de mon erreur, le message était parti. Ça part vite ces messages-là.

Simon– Vous avez dû rire toutes les deux quand vous vous êtes racontés ça.

Louise– Oui, pas mal… J’ai raconté ça à papa l’autre jour. La face lui a tombé. Je ne sais pas trop pourquoi…

Simon– Pourtant, grand-papa, c’est un pince-sans-rire…

Louise– Oui, mais cette fois-là, je ne sais pas trop ce qu’il peut s’être imaginé.

                                         Simon–

Peut-être que toi et Claudette…

Louise– Bien voyons donc… Ça n’a pas d’allure ce que tu dis là.  

Moi et Claudette…

 

Simon– Bien aujourd’hui…

Louise– Tais-toi donc, grand fou…

Simon– Maman, pendant qu’on est tout seuls tous les deux…

Louise– Oui.

Simon– Je voudrais te parler de quelque chose.

Louise– Oui. De quoi?

Simon– À propos de Marianne et moi…

Louise– Ah! Oui.

Simon– Qu’est-ce que tu veux faire avec l’argent que tu vas gagner?

Louise– Bien, je ne sais pas trop encore. Je ne sais même pas combien je vais gagner. Justement, j’en parlais l’autre jour avec Marianne…

Simon– Et puis…

Louise– Marianne trouve que je devrais le garder pour plus tard. Je pourrais en avoir besoin si je tombe malade.

Simon– Et pourquoi tu ne profiterais pas de ton million maintenant. Tu pourrais avoir une nouvelle maison…

                                         Louise–

Arrête-moi ça 1 million. 

Il y a juste une personne qui va le gagner.

Tout le monde pense que je vais le gagner ce million-là.

 

L’autre jour, on a compté moi pis Claudette. Il y 12 lots à faire tirer. Puis en tout, il y aura 50 personnes au tirage. Ça me fait une chance sur cinquante de gagner le gros lot. Non, mais lâchez-moi avec votre idée que je vais gagner un million. On dirait qu’il y juste moi qui est réaliste et raisonnable. Je me considère déjà chanceuse de participer à ce tirage. Puis tu sais moi, je n’ai pas de désirs dispendieux. Ce qui me ferait plaisir c’est de gâter mes enfants et mes petits-enfants.

                                          Simon–

Très bonne idée.

Tu n’as pas à te gêner de le faire.

Justement, on en parlait Nicole et moi.

 

Louise– Puis vous parliez de quoi?

Simon– Bien des études pour Jonathan. Ça coûte cher tu sais l’école privée.

Louise– L’école privée, l’école privée. Ta Nicole se gêne pas trop pour en parler quand Marianne est là.

Ça va coûter cher cette année pour habiller Jonathan pour l’école privée.

Il a tellement grandi. Il a 7 ans pas 12 ans.

À mon souvenir, c’est pas l’âge où les enfants grandissent.

 

C’est vrai que Jonathan est tellement exceptionnel… Tellement en avance sur les autres… Ça m’étonnerait pas qu’il grandisse d’un pied à 7 ans…

Simon– Maman…

Louise– Excuse-moi Simon… Mais il y a des fois que ta Nicole…

Simon– Maman, s’il te plaît…

Louise– Bon, bon, c’est correct. Excuse-moi si je me suis emporté. Tiens, pendant que tu es là. Depuis que tu m’as mise sur Facebook, j’ai plein de messages à tous les jours de monde que je ne connais pas.

Simon– C’est parce que t’ai mise dans mes amis et que mes amis sont devenus tes amis. Il faut juste décocher une case.

Louise– Je ne sais pas comment faire.

Simon– Je vais te montrer. Moi je connais ça. Puis, je pourrai aussi te parler de comment placer ton argent.                                          

 

Louise–

Tu m’as l’air d’en savoir pas mal de choses.

 

Simon– Beaucoup plus que tu penses, maman.  

Je suis informé sur plein de sujets. 

Pose-moi des questions, tu vas voir. 

J’ai pas mal plus de compétences que tu penses.

 

Louise– Pas maintenant, j’ai mon dîner à finir de préparer. Oh non! Mes pâtes…

(Elle se précipite à la cuisine.)

 

Mes pâtes ont collé… Misère de misère…

 

 

Simon– C’est pas grave maman. J’ai une solution pour ça. T’as juste à…

Louise– Oh toi!... Monsieur Je connais tout…

                                                                                             

Chanson : Je connais tout Paroles:Jacques Racicot - Musique