Scène 8
(Sonia et Danielle)
Sonia- Bonjour madame Danielle. Comment allez-vous?
Danielle- D’habitude je vais bien. Mais là, je vous avoue que je suis un peu surprise de cette convocation.
Sonia- Rassurez-vous, cette rencontre est une simple formalité.
Danielle- D’accord.
Sonia- Madame Danielle, vous êtes la responsable du cours ‘Initiation à l’informatique’.
Danielle- Effectivement.
Sonia- Vous savez que nous menons l’enquête concernant la fraude que nous avons appelé ‘La fraude Jérémie’.
Danielle- Je ne savais pas que vous lui aviez donné ce nom.
Sonia- C’est pour notre dossier.
Danielle- Le montant est important. C’est la première fois que je vis ça une arnaque pareille.
Sonia- Qu’est-ce que vous en pensez?
Danielle- Si vous me demandez si c’est France qui a organisé cela, je peux tout de suite vous répondre que je n’y crois pas. Je ne crois pas non plus que ce pourrait être une autre de mes élèves. Elles ne connaissent rien en informatique. Je vois mal l’une d’entre elles être impliquée dans cette arnaque.
Sonia- Pour les fins de l’enquête, nous ne devons rien négliger.
Danielle- Sérieusement, vous pensez que l’une d’entre elles pourrait être coupable…
Sonia- Je vous l’ai dit, nous devons tout vérifier.
Danielle- Mais ce sont toutes des débutantes. C’est à peine si elles peuvent aller sur internet et envoyer un courriel.
Sonia- Pourtant, madame France a une page sur le site ‘Mes amis’.
Danielle- C’est sa fille qui l’a inscrite. Et puis, elle n’y va pas souvent sur sa page.
Sonia- J’ai constaté cela. Cependant, il est possible qu’il ait des complices qui soient des experts en arnaques.
Danielle- Mais voyons donc.
Sonia- Tout est possible, nous ne devons rien négliger.
Danielle- D’accord. Qu’est-ce que vous voulez savoir?
Sonia- Vous n’êtes pas sans savoir que la première étape d’une arnaque de ce type est d’obtenir le nom d’usager et le mot de passe permettant d’accéder au site.
Danielle- À moins que ne soit un vol de données.
Sonia- C’est une possibilité mais dans ce cas nous aurions été informés de ce délit. Pour nous, la source des informations pourrait provenir de votre atelier.
Danielle- Mais ça pourrait être quelqu’un d’autre, un membre de sa famille, une de ses amies, je ne sais pas moi.
Sonia- Nous examinons aussi ces possibilités. Pour l’instant, nous regardons si nous pouvons relever des comportements, des opérations bancaires qui pourraient constituer des indices potentiels.
Danielle- Et en quoi cela me concerne…
Sonia- Avez-vous remarqué si quelqu’un pourrait s’être emparé des coordonnées de France pour accéder à son site?
Danielle- Mais voyons donc… Je vous l’ai dit, ce sont des débutantes. Et puis, si jamais j’avais remarqué quelque chose de semblable, j’aurais demandé à France de changer son mot de passe.
Sonia- Je vous comprends mais je me devais de vous le demander.
Danielle- Est-ce que je fais partie des personnes que vous soupçonnez?
Sonia- J’aimerais vous dire non mais ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons écarter personne sans en obtenir la certitude.
Danielle- Est-ce que suis mieux de chercher un avocat?
Sonia- Pas maintenant madame Danielle. Personne n’est encore accusé.
Danielle- Mais je pourrais l’être…
Sonia- Est-ce que vous pourriez être coupable?
Danielle- Attention à ce que vous dites. Je ne suis pas coupable, je le sais.
Sonia- Alors, je ne vous retiens pas davantage. Je vous souhaite une bonne journée.
(Sonia et France)
Sonia- Vous devez savoir pourquoi je vous rencontre aujourd’hui madame France.
France- Certainement pas pour m’offrir un voyage à Paris.
Sonia- Non. Premièrement, vous n’êtes pas sans savoir que dans le message enregistré par vous…
France- Ce n’est pas moi.
Sonia- Disons par la voix qui n’est pas la vôtre.
France- C’est ça.
Sonia- Dans le message il est question que votre petit-fils Jérémie aurait eu une grave malformation cardiaque. Vous savez que cette information est fausse.
France- Je le sais.
Sonia- Comment expliquez-vous ce détail alors qu’il n’en est pas mention sur votre page dans le site ‘Mes amis’.
France- Je ne le sais pas moi.
Sonia- Vous ne le savez pas?
France- Non, je ne le sais pas. J’en ai parlé avec ma fille et elle m’a dit que cette information est dans sa page à elle. Le fraudeur aurait pu le savoir par le lien entre ma page et celle de ma fille.
Sonia- Admettons que ce soit le cas. Il faut quand même que le fraudeur prenne le temps de faire des recherches. Ce n’est pas courant, ça. Vous ne trouvez pas?
France- Vous pensez que cela pourrait être une personne qui me connaît.
Sonia- Qu’en pensez-vous?
France- Je ne le sais pas moi. Oui, cela pourrait être une personne qui me connaît, mais ce n’est pas moi.
Sonia- Admettons que ce soit le cas. Par contre, pourriez-vous nous expliquer la dépense de dix mille dollars que vous avez faite pour des billets d’avion pour Paris?
France- Comment est-ce que vous savez ça?
Sonia- Nous avons des moyens de le savoir.
France- Ah oui, ma carte de crédit. Alors, vous avez dû trouver que j’ai fait augmenter ma limite sur ma carte. C’est comme ça que j’ai pu le faire.
Sonia- C’est pour qui les billets?
France- Pour ma fille, son mari et mon petit-fils. J’ai pensé que ce serait une bonne affaire que de pouvoir se changer les idées après ce que nous avons vécu.
Sonia- Et comment pensez-vous rembourser cette dépense?
France- J’ai commencé des démarches avec ma banque pour faire augmenter mon hypothèque sur ma maison.
Sonia- Admettons que ce soit vrai.
France- Vous pensez que j’ai acheté les billets avec l’argent de la fraude?
Sonia- Je n’ai pas dit ça, mais admettez qu’il est possible d’y penser.
France- Pensez-y tant que vous voulez mais ce n’est pas moi.
Sonia- Ce sera tout pour l’instant. Nous vous contacterons si nous avons de nouvelles informations.
(Sonia et Diane)
Sonia- Vous devez savoir pourquoi je vous rencontre aujourd’hui madame Diane.
Diane- Bien sûr. Je trouve ça excitant.
Sonia- Vous êtes bien la seule.
Diane- Ça va m’en faire des choses à raconter à mon monde.
Sonia- Je vous ai convoquée par principe, madame Diane. Nous n’avons rien trouvé de particulier vous concernant lors de notre enquête.
Diane- Parce que vous en avez trouvé chez les autres. Que c’est excitant…
Sonia- Je ne peux rien vous dire à ce propos madame Diane.
Diane- C’est moins excitant.
Sonia- Désolée de couper court à votre excitation. Il y a cependant un détail qui vous concerne. Votre fils et un de ses amis travaillent tous les deux dans le domaine de l’informatique. Et il semble que l’ami en question a déjà fait l’objet d’une enquête pour tentative de fraude. Auriez-vous quelques détails à nous dire à cet effet?
Diane- Mon fils m’en a déjà glissé quelques mots mais vous savez, moi, l’informatique, je n’y comprends pas grand-chose. Par contre, notre prof Danielle, elle semble bien s’y connaître.
Sonia- Madame Diane, je vous prie de nous laisser mener l’enquête nous-mêmes.
Diane- Oh! Excusez-moi. Je disais cela comme ça.
Sonia-. Vous pouvez partir. Nous communiquerons avec vous si nous avons des informations supplémentaires à vous demander.
(Sonia et Johanne)
Sonia- Vous devez savoir pourquoi je vous rencontre aujourd’hui madame Johanne.
Johanne- J’imagine que c’est en rapport avec la fraude.
Sonia- Vous imaginez bien. Nous avons découvert que vous aviez récemment effectué des achats d’appareils ménagers pour trente mille dollars. Pouvez-vous nous expliquer d’où provient cet argent?
Johanne- Je l’ai gagné au casino.
Sonia- Vous l’avez gagné au casino. Vous êtes bien chanceuse. Vous avez gagné combien?
Johanne- Trente-sept mille trois cent cinquante-deux et vingt-cinq. Je vais m’en souvenir toute ma vie. Depuis le temps que je vais au casino, c’est la première fois que je gagne autant d’argent dans une machine à sous. Je n’en croyais pas mes yeux. Vous auriez dû me voir crier puis sauter. Et puis tout ce monde qui ont accouru pour voir ce qui se passait.
Sonia- Je suis très contente pour vous. Je n’ai pas entendu ça très souvent quelqu’un qui gagne autant dans une machine à sous.
Johanne- Je n’en reviens pas encore.
Sonia- Je dois vous préciser que pour les fins de l’enquête, nous allons vérifier que vous avez bien gagné cette somme. Ah oui! Une dernière question.
Johanne- Oui.
Sonia- Vous avez gagné trente-sept mille dollars au casino et vous en avez dépensé trente mille pour des appareils ménagers?
Johanne- Quoi? Je n’en avais pas le droit…
Sonia- C’était juste une question par curiosité, madame Lise. Vous pouvez partir.
(Sonia et Brigitte)
Sonia- Vous devez savoir pourquoi je vous rencontre aujourd’hui madame Brigitte.
Brigitte- Je ne vois pas autre chose que la fraude Jérémie.
Sonia- Effectivement, madame. Nous avons regardé vos transactions bancaires et avons constaté un dépôt de soixante mille dollars qui a été effectué pas longtemps après le début de l’arnaque Jérémie. Pourriez-vous nous expliquer les circonstances entourant ce dépôt?
Brigitte- Quoi !!! Vous pensez que je suis reliée à cette fraude…
Sonia- Je n’ai pas dit cela madame… Nous examinons simplement les transactions bancaires des personnes qui pourraient être impliquées dans ce crime.
Brigitte- Ce crime… Je n’ai pas tué personne…
Sonia- Un crime, ce n’est pas nécessairement un meurtre.
Brigitte- Oui, vous avez raison. Cet argent, c’est l’assurance décès de mon mari décédé.
Sonia- Il est décédé quand?
Brigitte- Ça fait très longtemps.
Sonia- Et cela a pris tout ce temps pour que l’assurance vous fasse parvenir cette somme.
Brigitte- Mon mari est tchécoslovaque d’origine. Il avait pris cette assurance alors qu’il demeurait encore en Tchécoslovaquie. Pouvez-vous vous imaginer le temps que ça a pris pour obtenir les fonds. Leurs assurances ne fonctionnent pas comme ici. Il a fallu que j’engage un avocat pour qu’il s’occupe de mon dossier. Alors, oui, cela a pris du temps avant de recevoir les fonds.
Sonia- Je veux bien vous croire. Cependant, nous allons vérifier si ce que vous nous dites est vrai. Nous vous demanderons de nous fournir des preuves.
Brigitte- Sans problèmes. Vous verrez que je ne vous ai pas menti.
Sonia- Vous pouvez partir. Nous communiquerons avec vous bientôt à cet effet.
(Sonia et Lise)
Sonia- Vous devez savoir pourquoi je vous rencontre aujourd’hui madame Lise.
Lise- Je n’ai rien fait moi. Je ne suis pas coupable de rien. Mon Dieu que je suis nerveuse.
Sonia- Respirez tranquillement madame Lise. J’ai seulement quelques questions à vous demander.
Lise- Bon… allez-y…
Sonia- Aux fins de notre enquête, nous effectuons des vérifications concernant les opérations bancaires effectuées par les personnes qui assistent à la formation de madame Danielle.
Lise- Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu…
Sonia- Qu’y a-t-il?
Lise- Puis vous allez me demander pourquoi j’ai déposé cent mille dollars dans mon compte de banque…
Sonia- Vous devancez ma question, madame.
Lise- J’ai gagné à Loto-Québec.
Sonia- Ah bon… Vous êtes bien chanceuse.
Lise- À qui le dites-vous… Je prends des billets à chaque semaine. Et puis voilà que je gagne cent mille dollars au six-quarante-neuf. J’ai dû vérifier le numéro vingt fois. Je l’ai vraiment cru quand j’ai eu le chèque dans les mains
Sonia- Puis vous n’en avez parlé à personne.
Lise- Pour me faire harceler par plein de monde pour que je leur prête de l’argent. Déjà qu’il y a plein de monde qui m’appelle pour que je fasse des placements. Ça fait trois fois que je change de numéro de téléphone. Vous n’avez qu’à vérifier avec Loto-Québec. Si vous êtes capable de fouiller dans mon compte de banque, vous devez bien être capable de vérifier avec Loto-Québec.
Sonia- Soyez assurée que nous allons le faire. Je vous trouve bien chanceuse madame Lise. J’aimerais bien que ça m’arrive moi aussi. Vous faites bien de faire attention. Nous sommes bien placés pour savoir qu’il y a des arnaques en quantité et sous toutes les formes.
Lise- Rassurez-vous, cela ne m’arrivera pas.
Sonia-. Vous pouvez partir. Nous communiquerons avec vous bientôt à cet effet.
Scène 9
(Johanne Brigitte Lise Diane France Danielle)
Brigitte- Est-ce que la police vous a rencontrées?
Johanne, Lise, Diane- Oui.
Brigitte- Et puis, qu’est-ce qu’elle vous a demandé?
Diane- Elle m’a dit qu’elle m’avait convoqué par principe. Cela a été moins excitant que je ne m’y attendais.
Johanne- Je n’ai rien su de plus que ce que nous savions déjà.
Lise- Je n’en reviens toujours pas. Un million trois cent mille.
Brigitte- Trois cent cinquante mille.
Johanne- Rendu là, cinquante mille de plus ou de moins…
Lise- Moi je le prendrais bien le cinquante mille de plus.
Brigitte- Je n’en reviens pas de ce qu’a dit madame Tomme.
Diane- Moi, j’ai trouvé ça excitant quand elle a dit que ça pouvait être une d’entre nous.
Johanne- Tu trouverais ça moins excitant si c’était toi.
Diane- C’est vrai que ce n’est pas moi.
Lise- En tout cas, moi je n’ai rien à voir avec toute cette affaire.
Brigitte- On ne t’accuse pas, Lise.
Lise- Ça ne peut pas être moi.
Diane- Comment ça?
Lise- Je n’y connaît rien en informatique.
Johanne- Je me demande où il est rendu tout cet argent-là.
Lise- C’est vrai ça… Elle n’en a pas parlé l’inspectrice.
Diane- Il paraît que l’équipe d’experts travaille encore dans ce dossier.
Brigitte- Moi je pense que c’est une réponse pour dire qu’ils ne savent rien.
Lise- Ça ne devrait pas être trop compliqué pour retrouver un site internet qui s’appelle ‘Sauvez Jérémie.com’.
Brigitte- C’est vrai que si on tape l’adresse, elle n’existe plus.
Lise- Est-ce que ça veut dire que l’argent est disparu?
Johanne- Sûrement pas.
Diane- Moi je pense que c’est Danielle qui est en arrière de tout ça.
Brigitte- Pourquoi tu dis ça?
(Danielle arrive)
Danielle- Oui, pourquoi est-ce que tu dis ça, Diane?
Diane- Je disais ça comme ça…
Danielle- Non tu ne disais pas ça comme ça… Explique-toi…
Diane- Bien, il y a juste toi ici qui connaît ça les ordinateurs.
Danielle- N’importe qui connaît le nom d’usager et le mot de passe d’un compte peut entrer dans le compte de la personne.
Lise- En tout cas, ce n’est pas moi, je ne les connais pas.
Johanne- C’est facile à dire. N’importe qui peut dire ça.
Brigitte- Puis ce n’est pas nécessaire de le faire soi-même. Ça peut être quelqu’un d’autre en relation avec nous.
Diane- Comme ceux qui engagent un tueur à gage.
Danielle- Il est un peu exagéré ton exemple.
Diane- Je disais ça comme ça…
Danielle- Je trouve que tu en dis souvent des ‘Je disais ça comme ça’…
Johanne- On aurait dit que c’était vraiment la voix de France dans le message.
Lise- C’est incroyable ce qu’on peut faire aujourd’hui.
Brigitte- On est rendu comme dans les films de ‘Mission Impossible’.
Danielle- Tu as raison, Brigitte. On ne finit plus d’entendre des histoires de trucage de voix qui imitent des artistes, des politiciens. Il suffit souvent d’un court extrait de voix pour réaliser cette fraude.
Lise- On n’est pas à l’abri de rien.
Danielle- C’est pour ça que je vous enseigne des règles de sécurité avec l’ordinateur.
Johanne- Elle est où France? C’est d’elle que tout part…
Danielle- Elle m’a averti qu’elle serait en retard.
Diane- Peut-être qu’on l’a arrêtée…
Brigitte- On en aurait entendu parler.
Lise- Peut-être pas… Moi je pense que c’est elle la coupable.
Johanne- C’est vrai que tout semble indiquer que c’est elle.
Diane- C’est facile de dire ‘Ce n’est pas moi’
(France arrive)
Danielle- Arrêtez donc de l’accuser sans preuves. Tiens, elle arrive.
France- Vous étiez en train de parler de moi. Je vous ai entendues.
Diane- On était juste en train de discuter.
France- Discuter… Discuter… Plutôt mémérer contre moi.
Lise- Pas vraiment.
France- Puisque je vous dis que ce n’est pas moi.
Johanne- Mais c’était ta voix.
France- Ça pouvait peut-être ressembler à ma voix mais ce n’était pas la mienne.
Danielle- Du calme, du calme… Aujourd’hui, tout se trafique.
Johanne- Il paraît qu’on se sert beaucoup de l’intelligence artificielle.
Brigitte- Je n’en reviens pas que la madame police ait dit que ça pouvait être l’une d’entre nous.
Lise- En tout cas, ce n’est pas moi.
Brigitte- En tout cas, madame en tout cas, je trouve que tu insistes souvent sur le ‘Ce n’est pas moi’.
France- Pourquoi pas Danielle… elle connaît ça l’informatique.
Danielle- Mais voyons donc France. Peut-être que j’en sais plus que vous, mais pas assez pour organiser une affaire comme ça.
Diane- Mais vous pourriez avoir des complices…
Brigitte- Mais, dans ce cas-là, ça pourrait être n’importe laquelle d’entre nous.
Johanne- Imaginez que la police arrive pour arrêter l’une d’entre nous.
Diane- Elle dirait : AH AH!!!
(Tous) Pharmaprix
(Rire général)
Brigitte- Qu’est-ce que la publicité peut bien faire…
Brigitte- On en parle souvent.
Lise- C’est énervant, non…
Brigitte- Elle l’a dit on pourrait toutes être coupables…
Johanne- Peut-être qu’elle a dit ça pour faire paniquer la coupable…
Diane- Puis si c’est une d’entre nous, cela va lui faire faire une erreur. C’est excitant…
Danielle- Je ne trouve rien d’excitant là-dedans… Je trouve ça plutôt énervant.
Johanne- Il n’y a aucune raison de s’énerver si on n’a rien à se reprocher.
France- Parle pour toi…
Diane- Il paraît qu’on a tous des squelettes dans notre placard.
Lise- Pas dans le mien. Mais peut-être dans le tien…
Brigitte- On en a toutes. Ça pourrait être moi.
Johanne- Pourquoi est-ce que tu dis ça?
Brigitte- Je disais ça comme ça.
Danielle- On se calme. Je ne voulais pas vous en parler mais lors de ma rencontre avec madame Tomme, j’ai compris qu’ils recherchent une personne qui aurait transmis l’information relative au non d’usager et du mot de passe de la page de France.
Diane- Juste ça… Ça ne m’apparaît pas bien grave.
Danielle- Ah non… Pas bien grave… Bien ce pas bien grave là, ça s’appelle un vol d’identité et selon la loi, une personne qui qui commet un vol d’identité est possible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans.
(Stupeur collective)
Johanne- Cinq ans…
Danielle- Oui, cinq ans.
Lise- Mais c’est grave.
Diane- Ça pourrait être l’une d’entre nous. C’est excitant.
Brigitte- Lâche nous avec ton excitant, toi. C’est épouvantable…
Lise- Ce n’est pas moi.
Danielle- Ce n’est peut-être pas l’une d’entre nous, ça pourrait être une autre personne qui a volé l’information de France.
Brigitte- Ou que France a donné en toute confiance et qui l’a utilisé pour commettre la fraude.
Johanne- Ça ne peut pas être chose que ça. Qu’en penses-tu France?
France- La seule personne qui a mon mot de passe, c’est ma fille. C’est elle qui a créé ma page. Puis je lui fais confiance à ma fille.
Johanne- Mais peut-être que ta fille…
France (haussant le ton) - Je t’ai dit que je luis fait confiance à ma fille…
Diane- Ça pourrait être son mari…
Lise- Oui, ça se pourrait, ça…
France- Ça se pourrait aussi que ça soit l’une de vous autres…
Lise- Ce n’est pas moi.
France- Oh toi! Avec ton toujours ce n’est pas moi, ce n’est pas moi, qu’est-ce qui dit que ce n’est pas toi après tout…
Diane- Fâche-toi pas, France.
Lise- Ce n’est pas moi. Mais Diane, peut-être… Elle veut toujours trouver des choses excitantes.
Diane- Là, Lise, tu vas trop loin.
Brigitte- Tu as raison Diane. Faisons attention à ce qu’on dit.
Danielle- Tu as raison Brigitte.
France- Faisons attention à ce qu’on dit… Ce n’est pas vous qui risquez cinq ans de prison.
Lise- Parce que c’est toi la coupable…
France- Toi là… Tu ne peux pas la fermer.
Johanne- Moi je me rappelle d’avoir vu Brigitte fouiller dans la poubelle. Peut-être que c’était pour trouver le mot de passe de France?
Brigitte- Quoi!
Johanne- Bien quoi… Je dis juste ce que j’ai vu.
Diane- Et puis, il y a notre animatrice qui part après les autres. Elle aurait bien pu le ramasser le mot de passe de France sans que personne ne la voie.
Johanne- C’est vrai ça.
Danielle- Vous dites n’importe quoi. Vous écrivez vos alias et mots de passe sur des papiers que vous laissez à côté de vos portables quand vous allez à la pause. Je vous l’ai dit combien de fois de ne pas faire ça.
Lise- Je ne suis jamais capable de m’en rappeler.
Brigitte- Alors ça pourrait être une personne de l’extérieur.
Danielle- Ça serait surprenant. Mais on ne sait jamais.
Johanne- Alors, ce n’est pas nécessairement une d’entre nous.
Diane- On va faire une enquête. C’est excitant.
(Tous sauf Danielle) – Oh toi puis ton excitant…
Danielle- De toute manière, la rencontre est terminée. On se verra la semaine prochaine.
(Les personnes s’en vont en échangeant entre elles)
Scène 10
Les bit
Bit 0- Oupss… Je pense, Bit un, que ce n’est pas un bon moment pour se présenter ici.
Bit 1- On ferait mieux de s’en retourner.
Scène 11
Danielle Johanne Brigitte France Lise Diane Sonia
Danielle- Bonjour à vous. Avant de commencer, j’ai reçu un appel de madame Tomme pour m’informer qu’elle vient nous rencontrer aujourd’hui pour nous présenter où en est rendue l’enquête.
France- Est-ce que l’enquête est terminée?
Diane- Ils ont trouvé un coupable…
Lise- Ils ont trouvé l’argent…
Brigitte- Elle ne doit pas venir pour rien…
Danielle- Elle ne m’a rien dit de plus. Mais ce doit être sérieux.
Diane- C’est excitant.
Tous- Oh toi!
(Sonia arrive. Toutes l’entourent)
Sonia- Bonjour mesdames…
Diane- Avez-vous trouvé le coupable?
Brigitte- Ou la coupable?
France-- Est-ce que c’est l’une de nous?
Lise- Avez-vous trouvé l’argent?
Sonia- Si vous pouvez vous asseoir et me laissez parler, je vais vous expliquer.
Danielle- On vous laisse parler.
Sonia- Merci, madame Danielle. Tout d’abord, je peux vous dire que ce ne fut pas facile de retrouver les détails entourant cette affaire. Nous avions peu d’indices nous permettant de retrouver les personnes impliquées.
Brigitte- Les personnes ???
Sonia- Oui, les personnes. Comme vous le savez, nous avions au départ le message frauduleux enregistré par madame France sur sa page. Il y avait aussi le site de transaction ‘Sauvez Jérémie.com’. Notre hypothèse de départ était que l’arnaque était au départ trop complexe pour que ce soit un vol de données.
Brigitte- Comme celui des caisses?
France- Laisse-la donc continuer.
Sonia- Merci. Donc nos soupçons se sont rapidement dirigés vers l’environnement de madame France y compris les personnes présentes ici.
Diane- C’est…
Tous- Tais-toi donc…
Sonia- Il devenait évident que les fraudeurs ont été en possession des informations leur permettant de se connecter au compte de madame France sur le site ’ Mes amis’. En même temps, nos experts ont suivi le cheminement de l’argent déposé dans le site frauduleux grâce aux adresses IP et la collaboration des responsables des sites internet.
Lise- C’est quoi ça, une adresse IP?
Danielle- Je vous expliquerai plus tard.
Sonia- Donc, nous avons retrouvé la provenance de la création du compte, qui, heureusement pour nous, n’était pas en Afrique ou dans un pays qui aurait été inaccessible pour nous.
Lise- C’était où?
Sonia- C’était ici, au Québec. Nous avons remonté les indices jusqu’aux responsables de la création du site et nous avons découvert chez l’un d’entre eux, un carnet contenant les informations de base permettant d’accéder à la page de madame France.
Johanne- Oh non !!!
Sonia- Merci madame Johanne. Nous ne savions pas avec certitude à qui appartenait ce carnet. C’est la raison de ma présence ici, afin de vous confronter avec les informations que nous possédions.
(Cacophonie dans laquelle ressortent les expressions ‘Johanne c’est toi’ ‘Mais comment ça’ ‘C’est pas possible’)
Brigitte- Je le savais que c’était toi Johanne.
France- Comment est-ce que tu pouvais le savoir?
Brigitte- Elle n’a plus dit un mot après que Danielle ait annoncé que ce crime est passible de cinq ans de prison.
Lise- Johanne va aller en prison pour cinq ans...
France- Enfin, c’est la preuve que ce n’est pas moi. Je suis tellement soulagée.
Johanne- Voulez-vous vous taire… C’est vrai que j’ai écrit les informations dans mon carnet mais je ne l’ai pas donné à personne. Je l’ai perdu.
Brigitte- Comment ça?
France- Pourquoi tu as écrit mes infos dans ton carnet?
Johanne- Parce que je voulais pratiquer comment faire pour aller sur le site ‘Mes amis’ puis je ne savais pas comment créer un compte. Puis c’est toi qui m’as donné les informations concernant ton compte pour que je le fasse.
France- Je ne m’en rappelle pas… Ah oui… Je m’en rappelle maintenant. Si j’avais su que c’était pour de la fraude…
Johanne- Non, ce n’était pas pour de la fraude. Je voulais aller voir comment il faut créer le site pour rencontrer un homme mais je ne voulais pas en parler à personne.
Brigitte- Pourquoi?
Johanne-Parce que j’avais peur de paraître ridicule. Une femme de mon âge qui cherche à rencontrer un homme, la première idée qui vous vient en tête c’est quoi?
Tous- Le sexe…
Danielle- Puis je comprends que tu ne voulais pas paraître ridicule.
Diane- C’est excitant…
Brigitte- Tu ne peux pas la fermer avec ton excitant…
Johanne- Puis je l’ai perdu mon carnet. Je ne sais pas où. Peut-être ici, peut-être ailleurs, mais je ne l’ai pas donné à personne. Puis je ne connais personne qui pourrait faire une fraude pareille.
Brigitte- C’est une fraude avec un vol d’identité.
France- J’ai une question pour vous madame Tomme. Est-que Johanne va faire de la prison?
Sonia- Je ne suis pas en mesure de vous répondre. Généralement, tout dépend de l’intention de la personne, de la préparation et d’autres éléments qui sont de la responsabilité du système de justice.
Johanne (en pleurs) - Mais ce n’est pas moi qui l’ai donné ce carnet. Je l’ai perdu…
Sonia- C’est quand même vous qui l’avez noté dans votre carnet.
Brigitte- Mais elle vous dit que ce n’était pas pour mal faire…
Lise- Madame Tomme… Qu’est-ce qui est arrivé avec l’argent?
Sonia- Je ne peux pas vous expliquer les détails parce que ceux-ci doivent demeurer confidentiels comme éléments de preuves pour la justice. Je peux seulement vous dire que nous en avons récupéré une grande partie.
Brigitte- Est-ce que nous allons pouvoir avoir le nôtre?
Sonia- Je ne le sais pas. Ce n’est pas mon domaine.
France- J’ai encore une question. Admettons que Johanne dise la vérité et que c’est vrai qu’elle a perdu son carnet, est-ce que ça peut être quelqu’un d’autre qui l’a donné aux fraudeurs.
Diane- Mais c’est vrai ça. C’est peut-être quelqu’un d’autre parmi nous…
Lise- Ce n’est pas moi…
(Cacophonie)
Danielle- C’est moi.
Tous- Quoi ??? C’est toi. La coupable…
Danielle- Oui, c’est moi.
Sonia- Comment ça?
Danielle- Oui, c’est moi la coupable. Johanne avait oublié son carnet sur la table. Je l’ai pris et j’ai l’ai montré à un ami qui est bon en informatique. Nous avons imaginé de monter cette affaire pour servir d’exemple dans un cours concernant la sécurité. Je voulais vous montrer comment c’était important la sécurité et ce qu’il était possible de faire. Ce que je ne pouvais deviner, c’est l’escalade qui a suivi et la rapidité avec laquelle ça s’est poursuivi. Jamais je n’aurais pensé que vous auriez découvert ce qui avait été fait et que vous auriez donné de l’argent sur le site. Quand je l’ai su, il était trop tard. Le mal était répandu.
Brigitte- Comme le virus de la Covid.
Danielle- Oui, comme le virus de la Covid.
Sonia- Puis vous n’avez jamais pensé à me le faire savoir.
Danielle- J’avoue que j’avais trop honte pour vous le dire. Je dois aussi avouer que je ne pensais pas que vos experts ne trouveraient pas la source. Je m’en excuse auprès de vous toutes.
Brigitte- Qu’est-ce qui va lui arriver madame Tomme?
France- Est-ce que vous allez l’arrêter?
Lise- Est-ce qu’elle va aller en prison?
Diane-Wow !!! C’est excitant.
Johanne- Vas-tu nous lâcher avec ton excitant…
Sonia- Effectivement, nous allons rédiger un acte d’accusation concernant madame Danielle et elle aura à répondre de ses actes. Pour la suite, ce sera à la justice de suivre son cours.
Diane- Est-ce que vous allez lui mettre les menottes?
Sonia- Madame Danielle… Est-ce que vous êtes prête à collaborer et me suivre au poste sans que je sois obligée de vous menotter?
Danielle- Oui.
Sonia- Alors nous partons. Au revoir mesdames.
Lise- Qu’est-ce qui va arriver avec nos cours?
Brigitte- Tu ne penses pas que nous venons d’avoir tout un cours sur la sécurité informatique et le vol d’identité…
Fin