Par

Scène 4

Linda- Je pense que trouver rapidement un nouveau médecin de famille pour Charles relève de l’impossible à moins d’un miracle. Vous avez entendu ce que Lucie a dit : Un million de personnes sur la liste d’attente… Un temps d’attente épouvantable … Une chance que moi, j’en ai un médecin de famille et qu’il n’est pas près de partir à la retraite.

Parce qu’un médecin de famille, c’est important dans mon environnement. C’est MON médecin de famille, pas celui de personne d’autre. Il peut avoir deux mille personnes dans ses dossiers, il demeure mon médecin, le mien à moi. Quand je vais à mon rendez-vous à la clinique, je regarde la personne qui passe avant moi et combien de temps ça prend avant qu’elle ne ressorte. Je n’aime pas ça quand c’est trop long. J’ai l’impression que je me fais voler du temps. Des fois que les autres en ont trop pris et qu’il en reste moins pour moi. Quand je rentre dans son bureau, c’est comme si je devenais intime avec lui. Je peux tout lui raconter. C’est mon médecin à moi. C’est ma sécurité physique. C’est lui qui a la clé pour entrer dans le labyrinthe médical, de voir un spécialiste. Comment voulez-vous faire autrement? Je ne me vois pas aller cogner à la porte d’un cardiologue et lui dire que je veux avoir un rendez-vous. Le seul autre moyen que je connaisse c’est d’avoir une crise cardiaque et ça, ça ne m’intéresse pas vraiment comme solution. En général, on ne dit pas, je vais voir mon cardiologue, mais je vais chez le cardio. À moins bien sûr d’avoir plusieurs rendez-vous sur une longue période de temps. Dans ce cas-là, ce n’est pas un bon signe pour la santé de votre cœur.

Non, mais c’est rassurant d’avoir un médecin de famille qui vous accueille par votre nom quand vous entrez dans son bureau. Mon médecin de famille me connaît, connaît mon histoire et pas juste mes maladies. C’est sûr qu’avec le temps on est devenu familier tous les deux. Je ne m’imagine pas avoir à recommencer mon historique avec une autre personne. Il y a des fois où ça n’a pas toujours été facile de raconter mes petits problèmes. Au début surtout… Par la suite la confiance s’est installée et je pouvais tout lui raconter

Charles– Mais voyons Lucie, je me demande si on a vraiment besoin de faire tout ça. Si j’en ai besoin, j’irai à la clinique sans rendez-vous ou, au pire, à l’urgence.

Lucie– Tu ne comprends pas, Charles. Il va te suivre, il te fait faire des analyses. Ça va lui permettre de déceler si quelque chose ne va pas. La plupart du temps, on ne se rend pas compte qu’il y a un taux de ci ou de ça qui est anormal, trop bas ou trop haut. Prends ton diabète par exemple. Il va en connaître l’historique et non pas juste relever ton taux de sucre. Une consultation ponctuelle, que ce soit en clinique ou en privé, ce ne sera pas pareil. La vue d’ensemble, c’est important. Des fois, c’est souvent de cette manière qu’on décèle le cancer à l’avance. C’est comme te faire faire un nettoyage de dents. Si ça dépendait de toi, tu irais chez le dentiste une fois par 5 ans. Puis encore… Les hommes, ça ne prend pas soin d’eux autres.

Charles– Tu ne trouves pas que t’exagères un peu là.

Lucie– Pas du tout. Mon frère dirait : Un homme ça prend plus soin de son char que de son corps.

Charles– Gnangnan, il dit n’importe quoi.

Lucie– Souvent je l’admets, mais des fois cela a du bon sens. Mais voyons Charles, si tu n’avais pas de rendez-vous avec le médecin ou avec le dentiste, tu irais quand pour le voir?

Charles– (Il hausse les épaules)

Lucie– Quand c’est moi qui te dirais que c’est le temps d’y aller.

Charles– (Il hausse les épaules)

Lucie– Pense à tes cataractes, Charles, pense à tes cataractes…

Charles– Elles ne sont pas encore dues, mes cataractes. Puis c’est le spécialiste qui s’en occupe, pas mon médecin de famille.

Lucie– Ça revient au même. Puis c’est moi qui devrais prendre le rendez-vous pour toi. Tu sauras mon Charles que ça, ça ne me tente pas, mais pas du tout…

Charles– Bon, bon, on continue alors.

Lucie– Est-ce que tu t’es inscrit sur la liste.

Charles– J’ai essayé, mais au bout de la ligne, il faut que j’attende que mon médecin soit parti à la retraite.

Lucie– Tu ne peux pas t’inscrire à l’avance.

Charles– Non, j’ai téléphoné pour la clientèle orpheline. Je suis sur la liste d’attente. Ce que j’ai compris, c’est que je n’ai pas grand-chance de trouver un médecin avant la retraite de mon médecin. Alors là je vais pouvoir m’inscrire dans la liste d’attente.

Lucie– Puis tu peux t’organiser comment en attendant?

Charles– Mon médecin va me donner une prescription pour un an. Comme je te l’ai déjà dit, si j’ai besoin d’autre chose, j’irai au sans rendez-vous, en clinique privée ou à l’urgence. Comme tout le monde dans ma situation, j’imagine.

Lucie– Bon, on verra dimanche prochain si les autres ont une idée.

Linda revient

Je n’ai jamais entendu personne dire, je vais chez mon vétérinaire. À moins de fusionner avec son chien ou son chat. Non, ce n’est pas vrai. J’ai entendu ça avant. Ma voisine se prenait pour son chat. Quand elle allait chez le vétérinaire, elle lui répondait : Je ne mange plus, je ne miaule plus, je ne suis plus capable de courir, hein! Moustache. Tant qu’à moi, elle aurait pu se prendre pour son poisson rouge que le résultat aurait été pareil. Elle ne parlait que de son chat, Moustache a fait ci, Moustache a fait ça. Une chance qu’elle n’a pas de conjoint. Ça ferait un drôle de ménage à trois.

Lucie- Je ne peux m’empêcher de vouvoyer mon médecin de famille. Je ne me vois pas le tutoyer. Je crois que ce serait pareil même s’il avait trente ans de moins que moi. J’ignore si c’est une question d’éducation, de respect ou de considération pour ce qu'il représente. Dire qu’il y en a qui évalue leur médecin sur internet. Ça doit être une histoire de jeunes, ça. Moi, je n’oserais jamais faire ça. Je ne me vois pas écrire des commentaires négatifs sur mon médecin et aller le rencontrer ensuite pour un rendez-vous. Comme je l’ai dit, ma relation avec mon médecin de famille est basée sur la confiance et une certaine intimité entre nous. Il m’a déjà vue toute nue, non. Il me touche partout et je ne me sens pas agressée comme ce le serait avec d’autres personnes. Mon médecin de famille fait partie des personnes les plus importantes dans ma vie.

Pour moi, c’est ça que ça représente mon médecin de famille…

Quand j’y pense, je me sens avec lui comme un petit enfant qui se fait bercer par ses parents…

Chanson : Berce ton coeur

Scène 5

Ding dong  Ça sonne à la porte…

Lucie– Bonjour Gnangnan, ça va? Les sœurs de Charles, Linda puis mon oncle Roland s’en viennent. En attendant, veux-tu quelque chose à boire?

Réjean– Je prendrais bien une petite frette moi…

Charles– Je te donne ça…

Réjean– Si j’ai bien compris ce que tu as dit au téléphone, vous voulez faire un comité pour trouver une solution au fait que Charles va perdre son médecin de famille. Mais là, je vais peut-être encore dire une niaiserie, mais pourquoi tu ne demandes pas à ton médecin de l’inscrire avec toi. On dit un médecin de famille. Il devrait s’occuper de la famille, non.

Lucie– Gnangnan! Tu ne penses pas que j’ai commencé par demander à mon médecin si je pouvais le faire.

Réjean– Et puis…

Lucie– Sa réponse a été : On peut plus le faire maintenant. Vous savez, les politiques ont changé, la liste d’attente, l’ancienneté, on a d’autres médecins qui vont partir à la retraite, il faut penser à nos patients d’abord.

Réjean– Juste du blabla tout ça. Pour moi, un couple de cent piastres sous la table, cela va régler le problème. Les médecins, comme tout le monde, ça marche à l’argent.

Charles– Mais si tu es capable, Gnangnan, ne te gêne pas le beau-frère. Puis si ça marche, je te rembourse avec un petit surplus.

Lucie– Un gros surplus…

Charles– Ça ne marche pas comme dans ton garage où tu vends des chars usagés Gnangnan. On est comme au gouvernement…

Réjean– Pour moi, une clinique, ce n’est pas le gouvernement… Il y a toujours quelqu’un qui est le proprio. Puis un proprio, ça ne crache pas sur le moton.

Lucie– Qu’est-ce que tu veux faire?

Réjean– J’ai mon idée là-dessus.

Lucie– Toi puis tes idées… Arrange-toi pas pour que Charles ait des problèmes.

Réjean– Mais non, ma sœur. Tu me connais.

Lucie– Justement je te connais.

(Ça sonne à la porte)

Charles– J’y vais… Ah! Bonjour Linda… Je pensais que c’était mes sœurs qui arrivaient. Viens, Gnangnan est arrivé.

Linda– Bonjour Lucie, bonjour Gnangnan.

Lucie– On attend les jumelles puis mon oncle. Est-ce que tu veux-tu quelque chose à boire en attendant.

Linda– Je prendrais bien un café.

Lucie– Je te fais ça.

(Ça sonne à la porte)

Charles– J’y vais…Bonjour Roland… On vous attendait avec votre journal. Venez vous asseoir. Lucie a préparé du café.

Roland– Merci, Charles. Bonjour tout le monde. Ne faites pas attention à moi. Continuez votre conversation. (Il étale son journal).

Linda– J’imagine que Gnangnan est au courant de la situation (approbation des autres). Je continue toujours de regarder ce qu’on dit à propos du sujet sur internet. Savez-vous pourquoi il manque des médecins de famille?

Réjean– Il ne manque pas de médecins de famille, c’est parce qu’il y a trop de monde qui attendent. Un million… Ça fait toute une queue ça mes amis. Ça devrait battre des records et on pourrait mettre ça dans le Guinness. Je suis certain qu’en Russie ils n’ont pas connu des files aussi longues.

Lucie– Mais voyons Gnangnan! C’est comme l’œuf et la poule.

Charles– Il y a trop de monde qui attendent, il manque de médecins. Il manque de médecins, il y a trop de monde qui attendent. Plus de gens en mangent…

Lucie– Est-ce qu’il manque de médecins ou parce qu’ils travaillent moins. Mon médecin est déjà parti en congé de maternité…

Réjean– Je le savais que c’était à cause des femmes.

Roland– C’est vrai ça! Qui prend des notes…

Lucie– Mais voyons Gnangnan. Cela n’a pas de bon sens…Tu mets toujours les problèmes sur le dos des femmes.

Réjean– Cette fois-ci, j’ai raison. Quand on était jeunes, on ne manquait pas de docteur. Maintenant, on manque de médecin de famille parce qu’elles tombent en famille.

Charles– Mais voyons Gnangnan.

Réjean– Laissez-moi finir… Les femmes, ça part en congé de maternité, puis après ça, elles ont besoin de temps pour s’occuper des enfants, les réunions d’école et tout le reste. On n’a pas de problèmes de mécaniciens au garage. Puis on ne cédule pas des rendez-vous des mois d’avance. Le pire, c’est quand le changement de pneus arrive. Là, c’est la folie. Mais en général, les gens n’attendent pas plus que trois semaines. Puis en plus, c’est prévisible la date pour poser ses pneus.

Lucie– Gnangnan, tu es encore parti sur tes histoires de garage puis d’autos usagées…

Réjean– Savez-vous, vous autres, pourquoi on dit médecin pour les hommes et les femmes? On devrait dire une médecine de famille pour les femmes, non?

Roland– C’est vrai ça! Qui prend des notes…

Linda– Je ne le sais pas… On dit généralement la médecine pour la profession. Possiblement parce que ce serait trop confus entre les deux. La médecine, une médecine…

Réjean– La prof’ qui ne sait pas ça! Ça t’en bouche un coin, là!

Linda– T’as raison Gnangnan… Ce n’est pas parce que j’ai enseigné toute ma vie que je sais tout. Mais je vais chercher…

Lucie– Je le connais Gnangnan… Il va dire que c’est parce que les femmes ne sont pas faites pour être médecin.

Réjean– Woh là! la sœur. Je n’ai pas dit ça. J’ai le dos large mais pas tant que ça.

Charles– Bon, Gnangnan… C’est quoi ta niaiserie.

Réjean– Mais je ne le sais pas, moi. Je posais la question comme ça. Je ne dis pas toujours des niaiseries.

Lucie– Des fois on dit la médecin…

Charles– En tout cas, moi, j’aime mieux dire la médecin que la doctoresse. Puis, toi, Linda, est-ce que tu sais pourquoi il manque de médecins de famille?

Linda– J’ai fait des recherches sur internet puis on dit que…

Charles– Des recherches sur internet… On ne cherche pas une solution pour le Québec, on cherche une solution pour mon cas.

Réjean– Là… tu marques un point, le beau-frère. On ne règlera pas le problème d’un million de personnes en même temps. Puis, si on l’avait la solution, ça fait longtemps que quelqu’un aurait fait de l’argent avec.

Charles– Ce n’est pas faux ce que tu dis Gnangnan. Moi je laisse tous les beaux discours et les discussions théoriques aux politiciens, journalistes, analystes et toutes ces personnes qui gagnent leur vie à trouver des solutions qui prennent au moins vingt ans avant de les réaliser.

Linda– C’est vrai que ça fait plus de vingt ans qu’on parle de manque de médecins de famille et de problèmes aux urgences. Dans mes recherches, j’ai trouvé que les médecins de famille passent plus de temps en dehors de leur bureau que ceux des autres provinces. Aussi, ils travaillent moins d’heures par semaine. En plus, il y a plus d’étudiants qui s’en vont comme spécialistes.

Réjean– Je les comprends, c’est plus payant.

Ça sonne à la porte.

Lucie– Va répondre Charles, ce sont tes sœurs. (Charles va répondre)

Lucie– Bonjour Gisèle, bonjour Rachel…

Réjean– Toujours en forme, les jumelles pas pareilles.

Rachel– Salut tout le monde. Comme ça mon frère va perdre son médecin de famille.

Réjean– Bien oui. Le beau-frère va devenir un réfugié médical…

Charles– Qu’est-ce que tu veux dire?

Réjean– Bien, quelqu’un qui se cherche un pays pour être en sécurité, c’est un réfugié politique. Toi tu te cherches un médecin pour ta sécurité de santé, alors tu deviens un réfugié médical.

Roland– C’est vrai ça! Qui prend des notes…

Lucie– Vous êtes fatiguant avec vos notes, mon oncle. Puis toi, Gnangnan, tu en dis pas mal des niaiseries.

Gisèle– Il n’a pas tort Gnangnan. Moi je le vois bien Charles avec une petite valise sur le chemin Roxham pour demander l’asile médical.

Rachel– Oui dans une file d’attente… Ça pourrait être devant une clinique.

Réjean– Ce n’est pas bête ça! Combien de personnes tu as dit Lucie? Un million?

Lucie– Oui…

Réjean– Un million de personnes qui attendent un médecin famille… Si on en faisait tirer un… On pourrait vendre des billets de tirage… Imaginez une Loto Médecin de famille… Dix piastres le billet… Si on en vend deux cent mille, ça fait deux millions… Ça doit être possible de trouver un médecin qui prendrait deux cent mille pour un patient… Il en resterait pas mal dans ma poche.

Lucie– Encore tes rêves pour devenir riche…

Réjean– WOW! Si ça marche, plus besoin de vendre des used cars moi…

Linda– Comme je te connais, tu vas faire comme les Lavigueur dans le temps. Tu vas tout perdre à dépenser pour n’importe quoi?

Lucie– Pense à autre chose Gnangnan.

Réjean– Moi je pense que c’est une bonne idée.

Roland– Moi aussi…

Rachel– Moi je pense encore aux files d’attente devant les cliniques. Ça m’étonne qu’on ne voit pas ça. Je me demande ce que le ministre ferait s’il y avait un million de personnes qui manifestaient devant le parlement pour réclamer un médecin de famille. Je pense qu’il se grouillerait le derrière le ministre, non…

Gisèle– Bien oui! On pourrait organiser ça. Ça pourrait marcher…

Linda– T’es prête à organiser ça, Gisèle.

Gisèle– J’ai dit on… On… Ça ne veut pas dire que c’est moi. Puis toi Réjean. Deux piastres par manifestant, ça ne t’intéresse pas. Tu pourrais vendre tes billets devant le parlement.

Réjean– Tu sais Gisèle, je vais y repenser…

Charles– Bonne idée, Gnangnan, tu y repenseras…

Réjean– Vous n’avez pas écrit à votre député. Des fois ils font quelque chose de plus que de se chicaner entre eux…

Charles– Je ne crois pas que ça changerait grand-chose.

Rachel– Mais Charles, tu peux aller au privé. Tu n’es pas pauvre!

Lucie– Laisse tomber, Rachel. Tu ne penses pas que ce n’est pas la première idée qu’on a regardée. Ce n’est pas juste que ça coûte cher puis qu’on paye deux fois, parce qu’on paye aussi pour l’assurance-maladie.

Linda– Je connais quelqu’un qui est allé dans une clinique privée. Il était en visite à Montréal…

Réjean– En visite pour qui…

Linda– Laisse-moi continuer Gnangnan. Il a eu mal à l’estomac. Il a trouvé une clinique privée. Il fallait d’abord qu’il paye 50 piastres pour des frais d’ouverture de dossier. Ensuite, il a vu un médecin qui voulait l’envoyer faire des prises de sang, 500 piastres. Puis après, il a payé 300 piastres pour voir le médecin et se faire dire qu’on n’avait rien trouvé puis que ça devait être dû au stress.

Gisèle– Wow, ça lui a coûté cher…

Rachel– Puis après…

Linda– Il est retourné dans son pays, il s’est fait examiner pour apprendre que c’était une bactérie dans son estomac qui lui causait tous ses problèmes.

Gisèle– Ce n’est pas parce que cela n’a pas bien fonctionné pour lui que c’est partout pareil.

Linda– Quand tu vas au privé, on dit que tu vois un médecin différent à chaque fois.

Rachel– C’est comme le service à la clientèle dans un magasin de téléphone. Jamais le même vendeur. Quand tu as un problème avec ton téléphone, il faut toujours recommencer à zéro.

Gisèle– Parle-moi en pas… Puis, en plus, ces jeunes-là, ça commence par me regarder comme si j’étais un dinosaure… Puis après, ils me disent : Mais c’est facile, madame, vous n’avez qu’à fermer et rallumer votre téléphone. J’ai le goût de leur dire dans ce temps-là… Hey… ti-caille… si c’était si facile que ça, je me débrouillerais toute seule puis tu n’aurais plus de job…

Rachel– Bien parlé Gisèle…

Linda– C’est beau les jumelles… On peut revenir à nos moutons… C’est sûr que Charles peut aller en clinique privée mais ce n’est pas ça qu’on cherche.

Lucie– Ce qu’on cherche c’est un médecin de famille régulier, pas un médecin différent à chaque fois.

Gisèle– Au fond le problème, c’est parce qu’on est malade. Si on n’avait pas de maladie, on n’en aurait pas besoin de médecins.

Rachel– Deschamps disait : Vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade…

Gisèle– Dans le fond, si on est malade c’est parce qu’on mange mal.

Rachel– C’est vrai! À bas la malbouffe!

Gisèle– Ce n’est pas l’assurance-maladie qu’on devrait avoir. C’est l’assurance-santé.

Rachel– Oui, le gouvernement devrait nous payer si on est en santé. Faisons payer les malades. C’est eux autres qui coûtent cher au système.

Gisèle– Oui, vive le bio et les produits naturels.

Rachel– Puis on devrait mettre en place une taxe comme celle de la taxe carbone. Les provinces qui ont plus de malades paient une taxe supplémentaire aux provinces qui ont plus de personnes en santé. On pourrait appeler ça l’empreinte santé au lieu de l’empreinte carbone. Ça va faire diminuer la malbouffe.

Gisèle– Mais s’il n’y a plus de malbouffe, ils vont manger quoi les pauvres…

Gisèle– Qu’est-ce qu’il disait Gnangnan… Notre frère va devenir un réfugié médical.

Rachel– Moi je dirais plus un itinérant médical.

Gisèle– On a des SDF et puis maintenant on a des SMF

Rachel– SMF???

Gisèle– Bien… SDF, Sans Domicile Fixe, SMF Sans Médecin Fixe.

Rachel– Est-ce que tu te rends compte que Charles risque d’avoir plusieurs dossiers médicaux s’il va consulter dans plusieurs cliniques.

Gisèle– Il va falloir qu’il se promène avec son dossier sous son bras.

Rachel– Comme les français avec leur pain…

Gisèle– Ça va nourrir son dossier.

Rachel– Puis s’il continue longtemps comme ça, il va falloir qu’il s’achète un chariot pour le transporter.

Gisèle– Quand j’pense que la RAMQ fonctionne encore avec des Fax. Le médecin envoie ma prescription à la pharmacie par Fax. Est-ce que tu as un Fax chez toi?

Rachel– Non. J’ai entendu dire que le ministre veut informatiser les dossiers médicaux.

Gisèle– Bonne chance… Ils ont fait ça à l’assurance-automobile. Est-ce que tu te rappelles le résultat?

Rachel– Un beau bordel oui! Les gens ont dû attendre longtemps en ligne ou revenir plusieurs fois.

Gisèle– Est-ce que tu verrais ça les lignes d’attente dans les cliniques ou encore à l’hôpital. Revenez demain, le système est en panne.

Rachel– Oui, mourez aujourd’hui ou revenez demain.

Gisèle– Rachel, on ne rit pas avec ça.

Rachel– Ok, Gisèle. Donc, Charles va devoir s’inscrire sur une liste d’attente pour avoir un médecin de famille.

Gisèle– Oui.

Rachel– Puis il risque d’attendre combien de temps.

Gisèle– Lucie parlait de longtemps. Deux ans, trois ans…

Rachel– Moi, j’inscrirais Charles sur Kijiji. Ç’est plus facile et ça va plus vite.

Gisèle– Quelque chose comme : Cherche médecin de famille. Je suis disponible pour vous rencontrer. Téléphone et courriel.

Rachel– Puis quand ton annonce est trop loin dans les pages, tu la remontes.

Gisèle– Parle de ça à Gnangnan. Il va faire payer le monde pour s’inscrire.

Rachel– Et puis tant qu’à faire un site internet, on pourrait faire une section d’échanges.

Gisèle– Comment ça?

Rachel– Quand on déménage…

Gisèle– Déménage…

Rachel– À chaque année, il y a beaucoup de personnes qui déménagent, parfois loin de l’endroit où ils vivent. Mais le médecin, il ne déménage pas lui. Alors, ses patients font beaucoup de chemin pour aller à leurs rendez-vous avec le médecin, le dentiste, etc. Ou bien, ils sont obligés de s’inscrire sur une liste d’attente.

Gisèle– Oui, ça peut faire beaucoup de déplacement. Mais je comprends que les gens sont prêts à faire bien du chemin pour garder leur médecin. Par contre, il doit y en avoir pas mal qui font des rendez-vous en ligne.

Rachel–Rien n’empêcherait d’écrire une annonce du genre. Je déménage de Montréal à Gatineau. Cherche une personne qui déménage de Gatineau à Montréal pour échange de médecin de famille.

Gisèle– C’est vrai que ça diminuerait le transport.

Rachel– Puis le temps que ça prend.

Gisèle– Moins de pétrole…

Rachel– On contribue à sauver la planète.

Gisèle– En parlant de sauver la planète, Rachel, on voulait profiter de la présence du public pour leur faire une annonce.

Rachel– J’oubliais… C’est vrai Gisèle.

Gisèle– Cher public… On parle de recyclage, compostage, produits naturels et plein d’autre chose semblable.

Rachel– On a décidé de se lancer dans la fabrication de produits faits avec des fibres naturelles cent pour cent biologique, recyclable et compostable.

Gisèle– Oui, du macramé fait avec du chanvre biologique.

Rachel– Mais pas des jardinières comme on en faisait dans les années ’70.

Gisèle– Nous en avons encore qui sont accrochées sur notre galerie dehors. Je vous dis qu’elles ont changé de couleur depuis le temps.

Rachel– On vous présente nos deux produits vedettes : En premier, le sac d’épicerie en macramé. Pratique, vous le roulez dans vos poches, votre sacoche ou vous vous l’accrochez autour du cou comme un pendentif. C’est bien mieux que de traîner des sacs réutilisables qui prennent de la place et qu’on oublie tout l’temps.

Gisèle– Bientôt, ça viendra avec une extension pour l’accrocher avec nos clés d’auto.

Rachel– En deuxième : Ne faites plus attendre la personne qui vous appelle sur votre portable.

Gisèle– Voici l‘étui à cellulaire en macramé. Très pratique, plus besoin de le sortir de son enveloppe, de vos poches, de votre sacoche…

Rachel– Où de chercher partout où est-ce que vous l’avez laissé traîner.

Gisèle– Vous pitonnez à travers les trous et vous voyez votre écran.

Rachel– Extensible selon la grandeur de votre écran

Gisèle– Pas besoin de le sortir de son étui pour jouer à votre jeu favori

Rachel– Finis les cell qui tombent de votre poche arrière…

Gisèle– Qu’on n’arrive pas à sortir de nos poches avant parce que nos jeans sont trop serrés.

Rachel– Ou, pour vous messieurs, qui avez votre cellulaire qui tombe de votre poche de chemise.

Gisèle– Dans la toilette.

Rachel– Parce que ça arrive plus souvent qu’on pense.

Gisèle– Puis il n’y a pas grand monde qui s’en vante.

Rachel–Demandez au monsieur assis en face ici.

Gisèle– Il ne vous le dira pas mais ça lui est arrivé la semaine dernière.

Rachel– Naturel, fait maison, compostable et recyclable à cent pour cent.

Gisèle– Puis si jamais vous voulez changer de modèle, que n’en voulez plus ou qu’il est trop usé, comme c’est du chanvre biologique…

Rachel– On le fume… Ça peut faire un gros pétard…

Gisèle– Ou on le fait brûler comme de l’encens. Vous verrez, l’effet est surprenant…

Rachel– Comme ça on contribue pour les changements climatiques. Vous ne trouvez pas que c’est terrible ce qu’on a fait à la Terre.

Chanson : Qu’est-ce qu’on a fait