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Au bistro Le Marko, Marie est accueillie comme une fidèle cliente des lieux et le serveur la conduit à la table spécialement réservée pour elle et Robert. Comme à son habitude, ce dernier brille comme un retardataire consacré. Cette fantaisie bien dosée de se faire remarquer à chacune de ses entrées lui procure une sensation de vedettariat. Soit son habillement étonne par son audace, soit la portée de sa voix annonce une péripétie surprenante, soit il se dirige directement à la cuisine saluer le chef ami, Jean-Marc.

Justin se fait un plaisir de lui apporter une eau gazeuse et le coude paresseusement appuyé sur la table, Marie s’amuse à suivre le va-et-vient des passants. Une certaine lassitude semble envahir les uns tandis que d’autres, cellulaire à la main, paraissent tenir de gais propos.

Au son du brouhaha d’un groupe hilare, Marie reprend alors sa recette infaillible pour se distraire : contempler les lieux.

Voilà maintenant plus d’un an que le propriétaire, Jean-Marc, avait opéré un virage drastique dans la décoration de son commerce. L’histoire de ce changement avait été le résultat de la connaissance de deux rebelles, plusieurs années auparavant.

Un soir, à l’heure tardive où il quittait son établissement, il avait surpris deux jeunes en train de tapisser de graffiti une boutique avoisinante. Malgré le geste répréhensible, Jean-Marc n’avait pu s’empêcher de reconnaître le talent de ces garçons. Il les avait abordés et après quelques propos universels, leur avait offert d’entreprendre une vraie causerie autour d’un bon café... à son propre restaurant. Pendant une partie de la nuit, ils avaient échangé sur le monde et ses incompréhensions, et sur leur avenir personnel.

Jean-Marc les invita à poursuivre leurs discussions la semaine suivante. C’est ainsi que, de fil en aiguille, la communication entre ces deux générations s’était ficelée de manière constructive. Au début, Yan et Maxime se montraient suspicieux de cette écoute que Jean-Marc leur accordait et de l’absence de jugement de ce dernier. Mais avec le temps, ils furent convaincus de l’honnêteté de leur interlocuteur.

Petit à petit, le chef cuisinier constatait que ces jeunes hommes secrétaient un arrière-fond d’ambition et qu’il ne leur fallait qu’une main tendue pour les stimuler. Lorsque son plongeur l’avait avisé qu’il quitterait prochainement son travail pour un retour aux études, Jean-Marc avait proposé aux deux décrocheurs le partage de cet emploi. Leur première réaction fut très prévisible. Il n’était pas question qu’ils se rabaissent à laver la vaisselle et les chaudrons. Le chef avait dû user de diplomatie et de persuasion. Mais au bout d’un long discours sur l’utilité et la noblesse de tout métier, quel qu’il soit, ils avaient accepté et paraissaient finalement très satisfaits de ce dénouement.

Jean-Marc savait bien que rien n’était gagné à l’avance. Il lui a fallu une bonne dose de tolérance afin d’amener ces deux compagnons à respecter les heures exigées. Toutefois, graduellement, Maxime et Yan se plièrent aux horaires de travail et y trouvèrent un bénéfice.

Le chef continuait de les cuisiner, car il avait détecté que ces jeunes avaient du cœur et du potentiel. Un soir de congé, il les invita chez lui, leur proposa un repas tout simple et ils se mirent à parler de futur. Yan constatait qu’il maintenait son aspiration artistique d’apprendre la technique des grands maîtres et de devenir un jour un peintre reconnu. Maxime, lui, avait eu une révélation. En épiant Jean-Marc à l’œuvre, il caressait le projet de posséder un jour un resto à l’enseigne de son prénom, comme à Paris. Ces derniers temps, il s’était intéressé à explorer, au moyen de tournées virtuelles, les établissements réputés des capitales du monde et son objectif se dessinait dans la même direction. Définitivement, tous deux désiraient percer au-delà de laveur de vaisselle !

Jean-Marc encouragea fortement l’un et l’autre à poursuivre leurs études dans ce sens. Afin de favoriser la réalisation de leurs ambitions, il offrit à Maxime de l’initier à la restauration en lui enseignant les tâches d’assistant et proposa à Yan d’augmenter ses heures de travail.

Après avoir terminé les prérequis, l’un s’inscrivit à l’Institut d’hôtellerie et le second, à l’Académie des arts. Aujourd’hui, Maxime œuvre dans une institution réputée comme premier adjoint en cuisine et Yan en est à ses balbutiements en galerie. Pas à pas, année après année, ils étaient devenus des hommes et s’assumaient fièrement.

Tous les mois de novembre, Jean-Marc mettait la clé dans la porte et partait en voyage. Mais l’année dernière, il avait bifurqué de ses bonnes habitudes et avait décidé de modifier substantiellement le décor plutôt défraîchi et désuet de son restaurant. Quelque temps auparavant, une idée lui avait trotté dans la tête et il l’avait soumise à Yan. Dès que celui-ci rappliqua avec un projet concret, Jean-Marc donna carte blanche à son jeune artiste.

Fin novembre, Yan terminait le renouveau intérieur du Bistro. Après avoir recouvert les murs d’une teinte discrète, mais chaleureuse, il y avait accroché des toiles... fictives. Son plan avait été de reproduire directement sur les cloisons des répliques de peintres reconnus et de les rehausser d’un encadrement en trompe-l’œil. Sous les pinceaux de Yan, les Van Gogh, Fortin, Botero, Kahlo s’étaient orchestrés dans un mixage original et unique. Sous le dernier tableau, il y apposa sa signature... car il avait mis tout son cœur et son art à la réalisation d’une œuvre de son cru. Il avait travaillé d’arrache-pied pour livrer la marchandise à échéance. Brûlé, épuisé, harassé, il n’en était pas moins heureux.

Pour souligner le rajeunissement de son restaurant, Jean-Marc avait convié sa fidèle clientèle à une petite réception en formule vernissage. Maxime avait insisté pour prendre les commandes de la cuisine et préparer entièrement le cocktail dînatoire. Ainsi, Jean-Marc pouvait maintenant présenter ses deux protégés : Yan aux tableaux et Maxime aux fourneaux !

L’atmosphère de ce cinq à huit fut tellement chaleureuse qu’il s’actualisa en cinq à dix. Les clients s’extasiaient autant pour les bouchées alléchantes de Maxime que devant les aptitudes artistiques de Yan. D’ailleurs, l’œuvre inédite de ce dernier reçut un accueil impressionnant de la part des invités. Tous furent rapidement conquis par les personnalités des deux jeunes gens. Devant un tel succès, Jean-Marc se gonfla d’orgueil intérieur et remercia la Providence de ce dénouement heureux.

Robert arrive en coup de vent, le foulard débraillé, les cheveux hirsutes et l’essoufflement apparent.

—    Excuse-moi Marie, l’enfer aujourd’hui. Ah les enfants ! Pire que les pires diables.

Une séance de magasinage avec ses neveux l’avait quasiment terrassé. Cette tâche supposément agréable s’était transformée en cauchemar. Veux ci, veux ça, veux pas ci, veux pas ça. Il y a de quoi rendre fou. C’est dans cet état qu’il aboutit au resto de son chum Jean‐Marc. Ce dernier, reconnaissant les éclats de voix de son ami, s’empresse de s’avancer dans sa direction, le salue et retourne rapidement à ses chaudrons. Robert peut maintenant enlever son manteau et s’asseoir, ayant atteint son objectif de capter l’attention autour de lui.

Il se frotte les mains et... enfin, regarde Marie dans les yeux.

—    Oh toi. Il y a du nouveau dans ta vie. Et pas n’importe quoi. Tu es en amour ?... OK. En tout cas, tu es en état de Bonheur, je me trompe ?

Marie esquisse un sourire, fixe Robert, penche la tête et se met à rire. Mais elle ne dit mot.

—    Bon, on va commencer par le début : l’apéritif. As-tu décidé ?

—    En ce qui me concerne, j’opte pour le cocktail maison.

—    Eh bien, ce sera un vermouth sur glace pour moi.

Le serveur s’approche et note leurs choix.

—    Dis donc, que se passe-t-il ? Là, tu dois me rendre des comptes. Tes yeux brillent un peu trop. Ça y est, tu as rencontré l’amour de ta vie ?

Marie prend un grand respir.

—    Robert, je suis si heureuse !

—    Ça, ce n’est pas nécessaire de me le dire. Ça se voit à l’œil nu. Mais au-delà du « Je suis heureuse », c’est « Avec qui es-tu heureuse ? »... Non, tu n’as pas tourné ton chapeau de bord. Non, tu ne vas pas m’annoncer que les femmes t’intéressent. Ne me dis pas qu’Isabelle est devenue ton amoureuse, non, non et non. Ce n’est pas ça, rassure-moi, please !

Marie éclate de rire et prend la main de Robert.

—    Robert, ça y est !

—    Quoi, ça y est ?

—    Il est de retour. De retour dans ma vie.

—    Tu veux dire que... que... Attends un peu. » Il s’appuie les coudes sur la table, pose les mains sur son visage et scrute profondément les yeux de Marie. « Es-tu en train de m’annoncer que... huit ans plus tard... ? Non, je me trompe. Je t’en prie, cesse ce mystère. »

—    Tu brûles. Robert, c’est le plus beau cadeau de Noël de toute ma vie.

—    Mais, un peu plus de précision quand même.

—    Julien.

—    Julien ? Vraiment ?

—    Oui, oui.

—    Mais encore. Tu veux dire quoi au juste ? » Un éclair d’inquiétude survole les traits de Robert.

—    Sois sans crainte. Laisse-moi t’en relater les moindres détails.

Au fil des mots et des minutes, Marie termine la narration de ce romanesque retour de Julien. Elle tend la précieuse carte à Robert, tout en lui faisant remarquer que Julien avait utilisé le même stratagème du courrier spécial que lors de la rupture. Robert, abasourdi, garde un silence expressif.

Lorsque Marie, effondrée, lui avait confié la relation atypique qu’elle entretenait avec son amoureux et la décision qu’elle avait prise de rompre, il en avait déduit, malgré la situation, que cet homme représentait l’honnêteté même. Cela peut paraître inapproprié d’user de ce qualificatif, mais il ne pouvait s’empêcher de le lui attribuer. Son flair masculin sans doute. Sur ce point, il n’avait pas fait erreur. Après autant d’années d’absence, il fallait que leur amour soit mutuel et indissociable de leurs deux êtres pour ressurgir ainsi sans qu’il n’y ait aucun doute de part et d’autre.

Revenu sur la planète, il s’adresse enfin à Marie.

—    Marie, c’est adorablement fantastique ce qui t’arrive. J’admets que j’ai eu vraiment la frousse que tu ne tombes dans le piège du dépit. Et... qu’Isabelle représentait peut-être un danger dans ce sens.

Puis il lève discrètement la main pour appeler le serveur.

—    Votre carte des champagnes, s’il vous plaît.

—    Tu es fou, Robert. Quand même !

—    Au contraire, je suis dans une totale lucidité. Ce soir, il y a un événement exceptionnel à fêter et, malheureusement pour le petit Jésus, ce n’est pas sa naissance que nous célébrerons, mais plutôt la renaissance des amours de Marie et Julien. Alors, cela mérite un choix de prestige. Je sais pertinemment que tu approuves mon énoncé, n’est-ce pas ? Parce que... si on récapitule, lorsque tu as rencontré Julien, tu avais vingt-huit ans et lui un peu plus de trente-six. Vous avez vécu votre romance secrète pendant six ans et la rupture date déjà de huit ans. Donc, il s’est écoulé quatorze ans depuis le début de votre histoire et tu vas me dire que ce serait exagéré de souligner ce dénouement et de le faire royalement ? » Tout fier de sa démonstration, il le prouve par un rire éclatant.

Bien sûr qu’elle est d’accord avec Robert. D’ailleurs, pouvait-elle demander mieux que d’être en sa compagnie dans un moment pareil ? S’ils avaient décidé précisément en ce 24 décembre de laisser la famille de côté et de partager ces quelques heures, seulement eux deux, c’est que l’univers y avait sûrement déposé son grain de sel.

—    Robert, n’est-ce pas que la vie est bonne pour moi ? Une amie précieuse est apparue dans mon existence et voilà que l’amour avec un grand A refait surface. Réalises-tu ce qui m’arrive ? Cette année, je vais vivre des Fêtes extraordinaires. J’ai 42 ans et je suis heureuse au-delà de tout.

Robert entend une cloche dans son cœur. Il est si fier pour Marie. Les yeux embués, il essaie de prononcer de beaux mots intelligents, mais rien ne jaillit. Il est encore abasourdi par cette nouvelle. Avait-il déjà évoqué la possibilité que l’amoureux de Marie revienne dans son décor ? Quoiqu’un jour, il avait prédit à Marie qu’elle reverrait son Julien, mais sans doute dans une autre vie. Il en était ainsi pour lui et Benoît. Voilà que ce soir, il lui était permis de rêver.

Justin s’amène avec la bouteille à l’allure royale et Marie jubile comme une enfant devant une récompense souhaitée depuis des lustres.

—    Robert, je te le répète, c’est totalement fou !

—    Non, Marie. Dans le fond, depuis toujours que tu espérais ton Julien, n’est-ce pas ?

Marie ne répond pas. Elle observe le serveur qui fait sauter le bouchon d’une main de maître et verse immédiatement les bulles avec doigté.

—    C’est la fête ! Vous verrez qu’il sera très bien ce champagne.

Marie attendait le départ de Justin pour reprendre la dernière question de Robert.

—    C’est ce que tu crois ? » Une timidité toute juvénile s’empare d’elle.

—    J’en suis persuadé.

—    Eh bien, aujourd’hui, je dois admettre que oui, même si je refusais de me l’avouer. C’eût été trop pénible. » Un silence s’impose. « À la lecture des tout premiers mots, j’ai pris conscience que ma vie allait basculer... dans ses bras. Enfin ! L’attente n’a pas été vaine. Robert, je ne sais plus quoi te dire, mais je crois que tu peux comprendre. »

—    Ah pour ça oui !

Discrètement, ils frappent leurs coupes de champagne et se souhaitent le meilleur. Marie trempe ses lèvres dans ce nectar festif et au regard de Robert, elle réalise que son ami vit peut-être un moment spécial.

—    Tu as beau avoir été exaspéré par tes neveux, mais... est-ce que je fais erreur si je te dis que ton regard semble vouloir me révéler une nouveauté ?

Sur ces paroles, Robert éclate de rire.

—    Il n’y a rien de particulier, si ce n’est ton ivresse qui devient dangereusement contagieuse. Aussi simple que ça ! J’adore ce dénouement et cela me donne l’espoir qu’un jour, je pourrai vivre un bonheur identique au tien. Tu sais, je pense souvent à Benoît et ton histoire me fait vibrer sur ma propre expérience. Et puis, Marie, je me suis rendu compte d’une chose. Que l’on quitte ou que ce soit l’inverse, un amour vécu réciproquement n’est jamais achevé. Comme un roman auquel les dernières pages n’auraient pas été écrites, on n’en connaîtra pas l’issue. Il nous reste à l’imaginer à notre gré.

—    Bonne réflexion. Alors, trinquons à nos deux vies, Robert !

La soirée se poursuit au rythme des bulles, de la bonne chère et d’échanges euphoriques. Monsieur Jean-Marc, fier de son resto et de sa cuisine, prend encore quelques minutes de son temps pour s’assurer de la satisfaction de ses clients-amis. Ont-ils apprécié la coquille St-Jacques et l’oie aux marrons en cette veille de Noël ? Évidemment. Le cœur et les papilles sont à la fête et c’est avec affection que les meilleurs vœux affluent de part et d’autre.

Robert et Marie sont les derniers à franchir la porte du Marko et bouclent cet épisode heureux par une étreinte authentique et des souhaits à n’en plus finir.

Marie s’engouffre dans un taxi et se fait déposer quelques rues avant son domicile. Une neige délicate se glisse sur son visage et ses pas, sur le tapis blanc, se dirigent vers l’église de son quartier. Les chants résonnent, le lieu est bondé et l’atmosphère est remplie de chaleur humaine. La cérémonie de la naissance de Jésus tire à sa fin et la renaissance amoureuse de Marie débute. Joyeux Noël ! Marie voudrait embrasser le monde entier et remercier l’univers d’être aussi choyée.

Les gens commencent à se disperser au gré des bons vœux et des poignées de main pendant que Marie s’avance vers les lampions aux teintes diverses. Depuis son enfance, ces petits feux colorés la fascinent. Et cette nuit, elle a bien l’intention d’entendre le cliquetis des sous tombant dans la tirelire religieuse et de participer au foisonnement de ces minuscules éclats lumineux. Ayant l’habitude de laisser un peu de monnaie dans sa poche de manteau, elle fouille pour s’emparer des quelques pièces nécessaires. Elle sent un léger bruissement, probablement une facture oubliée. Avec une ferveur digne de la Fête de Noël, elle opte pour un grand lampion rouge, attise la mèche et joint les mains jusqu’à ce que la flamme atteigne son apogée. Ce sera le symbole de sa vie future !

Le sourire radieux, la cadence modérée, elle regagne son chez-soi tout en croisant plusieurs couples qui ont la gentillesse de lui souhaiter un Joyeux Noël. Dans sa poche, elle froisse de nouveau le bout de papier.

Ça sent bon chez elle ! Il lui semble qu’une odeur enivrante l’accueille à bras ouverts. À peine la porte refermée, elle s’empresse de retirer de son sac à main sa carte du bonheur et la caresse avec une tendresse infinie. La lumière clignotante du téléphone accroche son regard ; les messages attendront. Elle se débarrasse de son anorak et fait trôner le mot de Julien sur sa table d’appoint. Puis elle allume son sapin de Noël en porcelaine, ouvre la radio, se sert une eau gazeuse et revient s’installer dans le salon.

Elle se rappelle le feuillet oublié et par curiosité, va le récupérer. Surprise ! Elle y reconnaît la plume de Robert. Comment avait-il trouvé le tour de dissimuler ce griffonnage dans son manteau ? Décidément, ce 24 décembre aura été fructueux en écrits.

Elle se laisse tomber sur son moelleux sofa et se met aussitôt à décoder ses pattes de mouche.

Pour ma grande amie Marie

Une liaison ne se finit jamais ;

Elle obsède notre corps jusqu’à l’imparfait.

Une liaison nous hante à jamais ;

Elle poursuit nos pensées quel qu’en soit l’effet.

Une liaison nous accompagne à jamais ;

Elle loge dans notre âme prise dans son filet.

Une liaison nous tient à jamais ;

Elle habite tout notre être dans le plus grand secret !

Robert

xxx

Elle constate que la perspicacité de son ami a pénétré son âme. Cher Robert, qu’aurait-elle fait sans lui ?

La voix de John Lennon chantant Happy Christmas la ramène à la réalité de cette nuit de Noël et un sourire vertigineux s’accroche à son visage. Elle rebondit de son sofa et prend ses messages téléphoniques. Isabelle, sur son départ en région, lui réitère ses meilleurs vœux. Frédéric l’informe de l’heure à laquelle Félix et lui passeront chez les parents, histoire de s’assurer de la présence de Marie. Florent lui laisse un message à peu près identique. Finalement, François, dont le ton de voix confirme sa joie d’être de retour dans le cocon familial.

Dans quelques heures, ils seront rassemblés et son cœur sera extatique ! Car maintenant, elle sait qu’à 42 ans, elle vivra le bonheur avec un grand B !